On l’entend souvent : Untel est dévasté par le décès de son grand-père. Cette formulation paraît tout à fait normale puisqu’on l’entend un peu partout, mais il y aurait lieu de se méfier.
Les exemples dans les dictionnaires vont plutôt dans le sens suivant : une vilaine chose en dévaste une autre ou encore une personne. La passion a dévasté son coeur, nous dit le Petit Larousse. Il n’y a par ailleurs aucun exemple d’une personne dévastée par un évènement.
Bien sûr, on trouvera des exemples dans la Grande Toile de personnes dévastées par une tragédie. Mais, en observant attentivement les sources, on constate qu’elles sont en grande partie canadiennes; celles qui viennent de l’Europe renvoient le plus souvent à la presse à potin : Brad Pitt serait dévasté parce qu’il est un mauvais amant…
Depuis la rédaction de la première version de cet article, j’ai repéré l’expression dans un roman d’Hélène Grémillon, Le Confident. Il semble donc que certains écrivains français la voient comme une métaphore.
En conclusion, je crois malgré tout qu’il serait plus prudent de dire qu’une personne est anéantie, abasourdie, atterrée par une nouvelle.
L’adjectif dévasté paraît en fait très opportun, si l’on s’en tient non pas au sens propre (celui du tsunami) mais à son acception figurée (et littéraire) :
« Dévaster. Fig. et litt. Ravager, altérer profondément. Le chagrin avait dévasté son visage. » (Dictionnaire de l’Académie française)
« Dévastation. Il vit sur ses traits la même dévastation. Il n’y a que l’amour qui résiste à cette dévastation générale du doute. » (TLFi)
« L’amour passionné dévaste les âmes où il règne. » (Chateaubriand)
Bonjour,
merci de laisser l’accès de votre site sans être assailli de pub cachée.
« dévasté », est un anglicisme, ou plutôt un « américanisme », qui est devenu dans la langue française couramment utilisé pour signifier qu’une personne, comme vous le citez, » anéantie, abasourdie, atterrée par une nouvelle. ». Ces « américanismes » sont de plus en plus envahissants, surtout par une population « jeune » qui se veut moderne, sans forcément bien connaître et bien pratiquer cette langue outre-Manche et/ou outre-Atlantique (erreur très courante: un vêtement de sport « sweat » (sueur) est prononcé « sweet »!!! (sucre ou bonbon)). Qu’est devenue « la spécificité de la langue française » tant réclamée voilà qq décennies? La paresse intellectuelle a envahi les français, même l’Académie française (« e-mail » transcrit par « mèl » et non par le « courriel » de nos cousins les Québécois, exacte traduction de ‘e-mail’).
Il y a beaucoup d’autres termes US introduits dans l’usage du français, comme attaque (au lieu de attentat), variance (à la place de écart), etc…, quand ce n’est pas dans les mœurs comme le « politiquement correct », = de la pudibonderie US, des WASP puritains.