Peut-on célébrer la Journée internationale des personnes en situation de handicap? C’est ce que m’a demandé un lecteur la semaine dernière.
De prime abord, la formulation ne me parait pas erronée, mais en tant que langagier, ne suis-pas une personne qui doute sans arrêt?
Il faut dire que la formulation naturelle serait de souligner, de marquer une journée. Certes oui, et une petite consultation aux dictionnaires semble le confirmer. Célébrer peut signifier : « Marquer (un évènement) par une cérémonie, une démonstration », nous dit le Robert. Il ajoute : « Faire publiquement la louange de. »
On peut célébrer un mariage, une victoire ou encore les mérites de quelqu’un. L’ennui étant ici que l’ouvrage ne donne pas journée comme cooccurent. Faut-il en conclure que c’est une faute? Pas du tout, car les dictionnaires courants n’énumèrent pas systématiquement toutes les constructions possibles avec un mot. Absence n’est pas erreur.
Une recension dans la Toile permet de découvrir que l’expression « célébrer une journée » se voit surtout au Canada. Cause entendue? Ce qui est canadien est forcément faux? Pantoute!
L’Organisation des Nations unies a une page web sur les diverses journées soulignées dans le monde. En bas de la photo, on remarquera le texte suivant « Des femmes de la Côte d’Ivoire se sont réunies pour célébrer la Journée internationale de la femme… »
La rubrique en-dessous de la photo s’intitule Célébrations.
Mon lecteur curieux, qui voulait en avoir le cœur net, m’envoya ensuite une citation de Racine, dans Athalie : « Je viens, selon l’usage antique et solennel, célébrer la fameuse journée… »
La question était quand même pertinente, car les formulations maladroites s’entendent un peu partout et qu’il faut être vigilant.
En situation de handicap?
Je reviens sur la formulation étonnante mentionnée en début de texte. « Personnes en situation de handicap »? En cette période d’extrême sensibilité, il aurait été risqué de parler des handicapés tout simplement. Même la tournure « personnes handicapées » en aurait choqué quelques-uns. Dure journée…
Bonjour,
Merci de vos commentaires qui nous font réfléchir sur le sens des mots. J’ajoute qu’il est également possible de célébrer des funérailles…
À bientôt,
D. Brien
En raison des connotations positives de « célébrer », il faut simplement éviter de l’associer à des choses tristes ou funestes. Par exemple, on ne « célèbre » pas le 11-Septembre, on le « commémore » . On peut certes « célébrer » des funérailles, mais le verbe a là un sens différent, qui est celui de marquer solennellement, avec une cérémonie. Cela ne veut pas dire qu’on en fait une fête. Pour les journées, tout dépend donc de la journée dont il s’agit et de ce qu’on fait pour la marquer.