Le 11 novembre prochain marquera le centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, cette effroyable boucherie dont toute l’horreur a été décrite dans l’extraordinaire série Apocalypse.
À l’aube de ce triste anniversaire, il convient de signaler quelques erreurs linguistiques qui ne manqueront pas de pulluler dans les prochains jours.
Tout d’abord il est déplacé de commémorer l’anniversaire de l’armistice. En français on commémore un évènement, pas une date, pas un anniversaire. En temps normal, on célèbre, on fête un anniversaire; dans ce cas-ci, il est difficile de manifester quelque joie que ce soit, sinon d’observer le silence, de se recueillir. On marquera, soulignera cet anniversaire.
Le 11 novembre de chaque année est appelé le jour du Souvenir. On notera l’économie de majuscule : il s’agit d’un jour dont le nom est Souvenir. La double majuscule serait impensable, selon les grammairiens. Le français continue de s’inscrire en faux contre la logique naturelle qui voudrait qu’une appellation aussi solennelle comporte deux majuscules, et non pas une seule. Les autres langues opèrent différemment.
Le 11 novembre est aussi l’Armistice, que l’on écrit avec la majuscule, en toute logique, puisqu’il s’agit d’un évènement historique. À propos, le mot armistice est de genre masculin : un armistice.
La date en question est le 11 novembre 1918. La forme elliptique s’écrit le 11-Novembre, la majuscule indiquant qu’il ne s’agit pas de n’importe quel 11 novembre, mais bien de ce qui marque la fin des hostilités de la Grande Guerre. Ce genre de raccourci existe pour d’autres dates historiques, comme le 11-Septembre ou le 14-Juillet. On remarquera le trait d’union – qui peut être omis – et surtout la majuscule inhabituelle au nom du mois.
La boucherie effroyable de 14-18 est appelée de différentes façons. À l’époque, on parle de la Grande Guerre, celle qui devait être la « der des ders ». C’était oublier l’incommensurable bêtise humaine, toujours aussi prégnante.
Après l’autre boucherie, celle de 1939-1945, on parla de la Première Guerre mondiale.
Bonjour André,
Qu’en est-il de la différence entre ancien combattant et vétéran. “Dans mon temps” on disait vétéran de la guerre de Corée par exemple mais ancien combattant pour tout soldat qui avait participé à une guerre. En est-il autrementnt aujourd’hui.
On a longtemps jonglé entre les deux appellations, mais d’un point de vue logique, l’ancien combattant ne combat plus, contrairement au vétéran. Cependant, Anciens Combattants demande de parler de vétérans (quand on parle d’ironie…)