L’utilisation de l’adjectif spécifique est tellement répandue que personne ne s’en formalise. D’ailleurs, les définitions des dictionnaires convergent.
Le Robert : « Propre à une espèce et elle seule. »
Larousse : « Qui appartient en propre à une espèce, qui est particulier à quelque chose. »
Trésor de la langue française : « Qui est propre à; qui présente une caractéristique originale et exclusive. »
Il y aurait toutefois lieu d’être plus prudent, comme en témoigne l‘exemple ci-dessous.
« La police a été spécifique sur ce point, aucun désordre ne sera toléré. »
« Notre gestionnaire ne nous a rien dit de spécifique au sujet à propos du fiasco de ce système informatique. »
Les définitions précitées paraissent soudainement peu pertinentes. Trop souvent, le sens donné à spécifique est celui qui nous vient de l’anglais : précis, explicite, déterminé, comme l’indiquent les Clefs du français pratique.
En tenant compte de ce qui précède, le premier de nos exemples devient :
« La police a été formelle, claire, explicite… »
Formel, que les médias confondent avec officiel, reprend son véritable sens.
Quant au second exemple, on peut le reformuler ainsi :
« Notre gestionnaire n’a pas parlé en détail… »
Bien des mots permettent d’éviter le piège de l’anglicisme, comme juste, exact, concis, déterminé, etc.
Alors comment utiliser correctement le mot en question?
La Banque de dépannage linguistique donne des exemples éclairants.
« Le goût spécifique du cèpe accompagne cette viande à merveille. »
« Une nouvelle réglementation spécifique aux aliments importés vient d’être adoptée. »
On voit tout de suite que le sens n’est pas le même.