Bien des auteurs sont prêts à lapider l’expression paver la voie, qui, à leur avis, est un calque de to pave the way. Cependant, force est de reconnaitre que tous ne sont pas de cet avis.
La Banque de dépannage linguistique estime que l’origine de l’expression est incertaine, puisqu’on la rencontre chez des auteurs français du XIXe siècle. L’Office québécois de la langue française ne la condamne pas formellement : « … cette expression imagée est bien formée et claire sur le plan sémantique. »
D’ailleurs, on la trouve même dans le Trésor de la langue française, qui cite l’ancien président français, Georges Clemenceau (1841-1929).
Peut-être qu’au fond l’anglais n’a fait que reprendre une vieille expression française. Donc, l’anglicisme serait finalement un archaïsme.
Dans un article paru en 2002, mon ancien collègue Frèdelin Leroux montrait une certaine indulgence envers paver la voie et prédisait même son inclusion dans les futures éditions des grands dictionnaires. Cela ne s’est pas avéré. De plus, des ouvrages de référence comme le Guide anglais français de la traduction, de René Meertens, continuent d’éviter l’expression. Le Meertens, comme on l’appelle familièrement, suggère notamment : faciliter, défricher la voie, permettre, rendre possible, poser des jalons. À cela, on pourrait ajouter ouvrir la voie, préparer le terrain.
Comme on dit souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais il faut être prudent avec ce verbe. Souvenons-nous que paver signifie « poser des pavés », et qu’un pavé est une pierre que l’on encastrait dans le sol pour rendre un chemin carrossable. Les routes modernes, contrairement à celles du Moyen Âge, sont asphaltées.
Il est donc absurde de dire qu’on va paver telle autoroute à moins qu’elle ne soit réservée aux chars à bœufs…
Autre mise en garde contre l’expression voie de service. Celle-là est hors de tout doute un anglicisme. En français : voie de desserte.
Petite rectification: ce n’est pas l’enfer qui est pavé de bonnes intentions mais le chemin (ou la route) qui y mène. A tous mes confrères traducteurs, je vous rappelle que c’est également une faute de sauter à la conclusion que parce qu’une expression française semble calquée sur l’anglais, ce n’est pas nécessairement le cas.
« Sauter à la conclusion » est un calque de l’anglais « to jump to conclusion ». Il vaut mieux se tourner vers « conclure trop rapidement ».
Avec « paver la voie », il y a une difficulté non traitée ici. C’est son régime : dit-on paver la voie à une personne, une idée, une évolution quelconque, etc. ? Paver la voie pour? Des exemples s’il-vous-plait.
On pave la voie à quelque chose. Paver la voie à un changement de direction de l’entreprise, à un renvoi, etc.
Bonjour,
Entendu sur Radio-Canada : « C ‘est elle qui m’a pavé la voie et a donné son orientation à ma carrière.» C’est donc non recevable grammaticalement. Pourtant, c’est tellement clair.