Ce matin, les journaux évoquent encore la supposée fusillade du 22 octobre lors de laquelle un malheureux soldat a été froidement assassiné devant le monument aux Morts, à Ottawa. Or, ce qui s’est passé dans la capitale, et avant à Saint-Jean-sur-Richelieu, n’est pas une simple fusillade, c’est un attentat.
Un attentat inspiré par le groupe fanatique qui se fait appeler État islamique. Non, il ne s’agit pas d’un échange de coups de feu lors d’un vol de banque, mais bien d’un acte violent motivé par la politique et la religion.
On oublie vite que l’assassin avait pour but de décimer les caucus conservateur et néo-démocrate. S’il était parvenu à ses fins, nous aurions été témoins d’une tragédie politique d’une ampleur jamais vue dans notre pays. Pourtant, certains médias continuent de parler de fusillade.
Les médias français, eux, parlent bel et bien de l’attentat du 7 janvier contre Charlie Hebdo. Personne, chez nos cousins, ne songerait un seul instant à en minimiser l’horreur.
De retour au Québec. Le 4 septembre 2012, Richard Henry Bain tuait lui aussi un innocent et voulait assassiner la première ministre élue, Pauline Marois. Certes, l’individu souffrait de problèmes mentaux, mais son but était quand même d’éliminer une personnalité politique pour des raisons politiques. Là encore, les médias ont cafouillé, parlant d’attentat, de fusillade, des évènements du 4 septembre, etc. Il y a deux jours, La Presse parlait encore de fusillade. Aurait-il fallu que madame Marois meure sous les balles pour qu’on parle d’attentat?
Pourquoi autant de pusillanimité?
À mon sens, on peut y voir un effet collatéral du courant de rectitude politique qui traverse les sociétés occidentales depuis quelques décennies. Au départ, les intentions étaient bonnes : éliminer du vocabulaire courant des appellations insultantes pour certaines catégories de personnes. Un seul exemple suffira : les arriérés mentaux, devenus des personnes souffrant de déficience intellectuelle.
Mais les zélateurs du politiquement correct ont poussé le bouchon jusqu’au fond de la bouteille; les sourds sont devenus de malentendants, des patients sont maintenant des bénéficiaires (de quoi au juste?).
Bref tout le monde marche sur des œufs et la moindre incartade de vocabulaire peut coûter cher. Alors on atténue sans cesse. Ce travestissement du vocabulaire est devenu un réflexe bien implanté, surtout quand il sert des fins politiques. Normand Baillargeon, dans son Petit cours d’autodéfense intellectuelle, en donne de beaux exemples issus de la Guerre du Golfe.
Pertes collatérales = mort de civils
Frappe chirurgicale = bombardement que l’on espère précis en raison de la présence de civils.
Bien entendu, je ne prête pas aux journalistes les noirs desseins du gouvernement Bush. Mais le réflexe est quand même bien implanté. La preuve étant que le vocabulaire militaire précité reparaît régulièrement dans nos médias.
Un autre explication serait que notre pays n’a pas de tradition d’attentats politiques, sauf ceux du FLQ et quelques-uns commis par la GRC. Peut-être que cette pusillanimité est le fruit d’une sorte de refoulement collectif : non c’est impossible, cela ne peut pas se produire chez nous.
Pourtant, c’est arrivé. Le Canada a été victime d’attentats terroristes. Sachons le reconnaître.
Je ne suis pas d’accord avec votre texte et voici pourquoi. Quand un fou tire sur des personnes, ce n’est qu’un fou qui tire. Est-ce que les fous qui tirent sont des terroristes? Bien sûr que non. À Ottawa, le malheureux soldat fut tué par un fou, point final.
Pour qualifier un attentat de terrorisme, il faut bien plus qu’un simple hurluberlu avec une carabine dans ses mains. Un attentat terroriste requiert de la stratégie, de la planification, des opérations, du financement, de l’ampleur, d’un message et d’une revendication. On est loin de ça en ce qui a trait à Ottawa et à Saint-Jean-sur-Richelieu. Bien sûr, on peut faire croire qu’il s’agit d’un attentat terroriste lorsque l’on veut faciliter un agenda politique comme celui de créer une peur indue dans la population afin de remporter une prochaine élection. Il n’en demeure pas moins que dans les cas ci-haut, il s’agit simplement de jeunes hommes perdus, en quête de sens, motivés par une actualité morbide et probablement dépressifs.
L’affaire JFK était un attentat politique fait par un tireur d’élite qui agissait en service commandé.
L’affaire Richard Bain est un attentat politique raté qui a malheureusement tué un homme et blessé un autre. Son état de santé mentale a probablement été la source de son échec. Il s’agissait donc d’un fou et non d’un terroriste.
Le 12 octobre 2002 à Bali, une camionnette bourrée d’explosifs se stationne devant un club rempli d’Australiens et d’Américains. Au même moment, un kamikaze entre dans un autre club tout près et se fait exploser sur la piste de dance. Résultat : les gens sortent en panique et au moment où la rue est bondée de gens, c’est alors que la camionnette explose pour un maximum de pertes de vies humaines. Ça, c’est un attentat terroriste. Organisation, planification, financement, ampleur, message, etc …
Depuis le 11 septembre 2001, le mot terrorisme est utilisé à toute les sauces car le simple fait d’utiliser ce vocabulaire crée une peur et un souvenir terrible dans la tête des gens. À mon avis, ce n’est que de la manipulation pour des fins politiques.
Merci de m’avoir lu.
Il est trop facile de dire que ceux qui commettent des attentats sont de pauvres désaxés. Michael Zehaf-Bibeau s’est bel et bien converti à l’islam radical et son geste était calculé. Il n’a pas bénéficié de l’aide de l’extérieur? Et alors? Son meurtre était motivé par les appels à la violence contre le Canada lancés par le groupe État islamique. Cela ne suffit pas? Les services policiers le considéraient d’ailleurs comme une personne à haut risque. Le gouvernement conservateur essaie de profiter de la situation pour se faire du capital politique, et ce, de façon grossière. Mais il faut quand même avoir le courage d’appeler un chat un chat.
Dans le même ordre d’idées, est-ce que le mot « attentat » peut être accompagné d’un épithète autre que « terroriste » ? Lorsqu’utilisé seul, « attentat » sous-entend habituellement « terroriste ». Est-ce que ces deux-là sont inséparables?
Si vous consultez les grands dictionnaires, vous verrez que le terme définit généralement des actes commis contre une personne ou contre l’État. Le Robert indique, par extension, terroriste.
M. Racicot,
Vous citez avec justesse les médias français qui appellent un chat un chat dans le domaine du terrorisme. Cependant, le politiquement correct est déjà arrivé dans le discours journalistique et prend de l’ampleur dans l’hexagone.
L’exemple le plus frappant est le mot « jeune » (utilisé comme nom et non pas adjectif). Depuis de nombreuses années déjà, ce mot a remplacé « voyou », « criminel » ou encore « malfrat ». L’adjectif qui accompagnait ces mots s’est transformé en nom. Le fond du problème : les « jeunes » en question viennent des nom banlieues à haute criminalité et sont généralement des enfants d’immigrés du Magreb ou de l’Afrique, très souvent de culture musulmane. Il semble que tout ce qui touche à l’Islam est à prendre avec des pincettes…
En tout cas, voilà une belle injustice pour tous les jeunes.
Le politiquement correct est en train d’asphyxier l’Amérique du Nord au complet, et le Québec n’y échappe pas. Vous allez voir qu’y résister n’est pas une mince affaire, car ceux qui le pratiquent ont l’insulte facile.