Les partisans de la social-démocratie s’appellent socio-démocrates. Vrai ou faux?
Faux, même si des publications connues comme le Nouvel Observateur (maintenant L’Obs) ont fait la faute.
Car il ne s’agit pas de socio-démocratie, mais bien de social-démocratie. La confusion vient probablement de mots comme sociopolitique, socioculturel.
Il est donc question de la social-démocratie, dont l’adjectif demeure curieusement masculin. L’accord au pluriel se fait cependant, d’où les sociaux-démocrates.
La social-démocratie est un courant politique qui plonge ses racines dans le milieu du XIXe siècle. Le mouvement ouvrier prend de l’ampleur devant la misère abjecte que sème le capitalisme débridé poussant dans le terreau de la Révolution industrielle.
Le socialisme réformiste allemand ouvrira le chemin à divers partis socialistes européens, qui renonceront à la conquête violente du pouvoir pour participer à la démocratie libérale. Dans sa foulée, le Parti travailliste britannique, porté au pouvoir en 1924, la Section française de l’Internationale ouvrière, plus tard le Parti socialiste français, et bien d’autres.
Le Parti social-démocrate allemand a marqué l’histoire du pays d’Angela Merkel. Le chancelier Friedrich Ebert proclame la république, en 1918, après la chute du Kaiser. Le chancelier Willy Brandt lance la Realpolitik, cette politique de rapprochement avec la République démocratique allemande, ce qui lui vaut le prix Nobel de la paix en 1973. Lui succédera Helmut Schmidt, un homme respecté. Enfin, le social-démocrate Gerhardt Schröder dirigera un gouvernement de coalition avec les verts.
La social-démocratie est une nécessité; sans elle, le capitalisme débridé, qu’on appelle maintenant néolibéralisme, aurait toute la latitude voulue pour saper et détruire les services publics et toute la protection sociale offerte par les États modernes.
Depuis la chute du communisme, en 1990, une lutte de plus en plus féroce oppose deux camps : celui des forces progressistes partisanes d’un État fort pour assurer une certaine égalité sociale; et celui des néolibéraux, appelés conservateurs, libéraux, républicains, etc. qui ne cherchent qu’à rogner le filet de protection sociale.
La social-démocratie serait dépassée… Vraiment? Elle engendrerait déficits et bureaucratie… Mais quels sont les pays continuellement cités en exemple pour la qualité de vie partout dans le monde? Des États qui, d’une manière ou d’une autre, portent l’empreinte de la social-démocratie. Bien sûr, les pays scandinaves, mais aussi l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Canada.
Les États-Unis apparaissent malheureusement comme un contre-modèle, là où l’État est perçu par une frange importante de la population comme un ennemi. « The government is the problem », disait Ronald Reagan. L’absence de gouvernement aussi.
Exposé extrêmement intéressant. Je me demande combien de Français sauraient à quoi correspond le sigle bien connu SFIO, ancêtre du PS. Moi-même ne m’étais jamais posé la question.
Cela dit, je mets un bémol, qui n’engage que moi, à propos du paragraphe « […] deux camps : celui des forces progressistes partisanes d’un État fort pour assurer une certaine égalité sociale; et celui des néolibéraux, appelés conservateurs, libéraux, républicains, etc. qui ne cherchent qu’à rogner le filet de protection sociale », que je trouve un peu caricatural et orienté.
On peut être conservateur sans être néolibéral, tout comme on peut être conservateur et s’opposer à la tendance de l’État à toujours devenir plus ventripotent, à se mêler toujours plus de la vie privée des gens et à être toujours plus inefficace sans que cela signifie vouloir rogner la protection sociale.Tout comme je remets en cause l’adjectif « progressiste », dont on crédite toujours les idées de gauche, même les plus délirantes ou les moins constructives. 🙂