Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis aura toutes sortes de conséquences. L’effet se fera également ressentir sur le plan de la langue.
Président élu
M. Trump a été élu le mardi 5 novembre, mais il ne prendra ses fonctions que le 20 janvier, lors d’une cérémonie protocolaire qui se déroulera au pied du Capitole. Entretemps, le nouveau président préparera la passation des pouvoirs et choisira les membres de son futur cabinet.
Pendant cette période, Joe Biden continuera d’être président des États-Unis, tandis que M. Trump sera le président élu. Cette expression est un calque de l’anglais president-elect. On ne peut cependant pas affirmer qu’il s’agit à proprement parler d’une grave faute de langue, car le républicain est bel et bien le président élu.
On voit aussi le terme président désigné, qui constitue une excellente solution de rechange, et ne suit pas la démarche de l’anglais. On pourrait aussi parler du futur président, comme le signale l’Office québécois de la langue française.
Inauguration
Il y a quatre ans, j’avais mené une guerre sainte contre cet anglicisme totalement inacceptable en français en alertant plusieurs journalistes canadiens.
En anglais on inaugure un président, mais transcrire cette expression dans notre langue me fait voir… orange.
Le plus souvent, on inaugure un édifice ou un monument. Rarement est-il question d’un concept abstrait, bien qu’on puisse inaugurer une nouvelle politique, comme le signale le Robert. Une inauguration peut être le commencement, le début de quelque chose. Mais inaugurer une présidence me parait quelque peu forcé en français.
La question qui se pose est la suivante : peut-on inaugurer un président? Est-ce que Donald Trump sera inauguré le 20 janvier prochain? La réponse me semble évidente : NON. Il serait plus juste de parler de l’assermentation, de la prestation de serment du nouveau locataire de la Maison-Blanche.
J’ai étudié plus en détail l’emploi abusif d’inauguration dans un article précédent.
Ordre exécutif
Lorsqu’il prendra ses fonctions, le nouveau président aura le pouvoir de faire adopter des décrets, appelés executive orders, en anglais. Là encore, le calque est tentant et beaucoup s’y laisseront prendre. Pourtant, les ordres exécutifs ne sont rien d’autre que des décrets.
Tarifs
Le futur président américain est protectionniste, comme ses prédécesseurs. Il projette d’imposer des tarifs élevés pour les importations, ce qui affecte le Canada. Sans doute un raccourci pour tarifs douaniers.
Il serait plus exact de parler de droits de douane.
Très intéressant.
Merci.
Judicieux, comme toujours !