Liste des noms de pays

La nécessité de dresser une liste complète des noms de pays relève de l’évidence. D’une part à cause de l’imprécision des dictionnaires, de leurs contradictions, et, d’autre part, de la fiabilité douteuse des nomenclatures que l’on peut trouver sur la Grande Toile.

Nomenclatures d’organisations internationales, de ministères, qui ne sont certes pas dénuées de valeur mais demeurent divergentes sur certains points, notamment sur le nom des habitants.

Les dictionnaires brouillons

Ces ouvrages sont imprécis. Ils l’étaient hier et ils le sont toujours aujourd’hui.

Le français est une langue comportant deux genres. Ils assez curieux que, voilà une trentaine d’années, les dictionnaires et ouvrages encyclopédiques ne donnaient pas systématiquement le genre grammatical des toponymes. Bien entendu, on ne se pose pas la question pour Belgique, Bénin, Sénégal, Russie, Cambodge ou Nouvelle-Zélande. Mais qu’en est-il de Cuba, Israël, Iran, Afghanistan?

Lorsque j’étais rédacteur de nouvelles à Radio-Canada, dans les années 1980, je me souviens d’avoir cherché en vain dans des ouvrages reconnus le genre grammatical d’Iran. Un accord grammatical m’avait sauvé.

Mais avouons qu’il était absurde de pourchasser le genre d’un toponyme dans le corps d’un article.

La situation a quelque peu évolué depuis, fort heureusement. À présent, le genre est « précisé » par cette inscription sibylline n.m, n.f. Iran est donc masculin. Et tout le monde sait qu’on dit « L’Iran. »

Mais qu’en est-il de Bahreïn? On le voit souvent énoncé ainsi : « Le Bahreïn. » C’est compréhensible, puisque les ouvrages lui donnent le genre masculin. Malheureusement, ils ne disent jamais que ce nom d’État ne prend pas l’article défini. Autrement dit, le lecteur est censé le savoir. Or, bien des toponymes ne prennent pas d’article et ils ne sont pas tous très connus. Va pour Cuba ou Israël, mais Saint-Kitts-et-Nevis?

Le nom des habitants (gentilé) est un autre écueil qui attend le langagier un peu trop curieux. Jadis, il n’était pas indiqué systématiquement dans les dictionnaires. À présent il l’est.

Cette avancée n’est toutefois pas aussi éclatante qu’on peut le penser. Manque une pièce importante du puzzle : le féminin. Là encore, les lexicographes estiment que les lecteurs déduiront la forme féminine du gentilé masculin. Dans la plupart des cas, ils ont raison. Personne ne se pose de question pour Colombienne, Australienne, Indienne, Allemande.

Mais comment s’appellent les habitantes du Kenya? Les Kényanes? Les Kényiannes?

La question lancinante en français du doublement des consonnes se pose avec acuité. À moins d’être un as en étymologie, un expert de l’orthographe, le langagier doit vérifier. Et ce ne sont pas les dictionnaires courants qui vont lui donner la réponse, puisqu’ils ne répertorient que le masculin.

Les lexicographes consentent à préciser la graphie du féminin lorsqu’elle est irrégulière : grecque, turque.

Surnoms et changements de noms

Le langagier n’est pas au bout de ses peines. S’il lit la presse française, il ne manquera pas de remarquer la Tchéquie et le Centrafrique. Les ouvrages de langue ignorent souvent ces appellations, comme si elles n’existaient pas. Personne ne semble avoir eu l’Idée de mettre un renvoi vers la République tchèque et la République centrafricaine. Au moins, on précise que le Zaïre s’appelle maintenant République démocratique du Congo.

Mais malheur à vous si vous lisez Bélarus dans un article, car, dans ce cas, aucun renvoi. Il s’agit en fait de la Biélorussie, dont c’est le nom officiel depuis 1991.

Les anglophones acceptent plus volontiers certains changements de noms, alors que les francophones ont tendance à s’en tenir aux appellations traditionnelles. Pensons à Pékin et Beijing. On voit plus souvent ce dernier en anglais.

Une liste originale et précise

J’ai œuvré pendant 29 ans au Bureau de la traduction du gouvernement du Canada. Je travaillais pour le ministère des Affaires étrangères lorsque l’Union soviétique s’est effondrée. Le service de traduction de ce ministère se référait à la liste officielle des Nations Unies, mais la mise à jour de celle-ci tardait. J’ai donc dressé une liste interne et à jour pour notre service. J’en profitai pour corriger certaines anomalies qui ne correspondaient pas à l’usage courant (le Sri Lanka, et non Sri Lanka masculin et sans article, comme le recommandait l’ONU).

La liste comportait la forme féminine du gentilé et des renvois pour les anciens noms d’État, avec toutes les précisions nécessaires.

Au fil des ans, la liste a été enrichie avec le nom de la capitale, mais surtout la préposition.

Celle-ci n’était pas un luxe. La Liste des États souverains répondait à toutes les questions des traducteurs et terminologues quant aux noms des pays. Elle n’a pas tardé à se répandre dans les services de traduction du gouvernement fédéral, et même dans les ministères.

J’en ai trouvé des copies pirates dans certaines bibliothèques et des personnes de l’extérieur du gouvernement m’en demandaient une mise à jour.

Devant ce succès, les Éditions du gouvernement du Canada en ont fait une version imprimée, en 2000, sous le titre de Liste des noms de pays, de capitales et d’habitants. En 2006, la Terminologie du Bureau de la traduction l’a réimprimée en ajoutant les drapeaux nationaux! La Terminologie en a fait aussi un Bulletin de terminologie (BT) portant le numéro 264.

Le ministère des Affaires étrangères a intégré cette liste dans son propre guide de rédaction.

La Liste a également été mise en ligne et elle est très consultée. En 2017, la Liste des noms de pays, de capitales et d’habitants comporte maintenant des entrées en portugais et en espagnol, en plus de l’anglais et du français. Un outil de traduction idéal!

Vous la trouverez à l’adresse suivante : http://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2alpha/alpha-eng.html?lang=eng&srchtxt=&i=1&index=alt&codom2nd_wet=1&page=publications/nomspays-countrynames-eng#resultrecs

Cette nomenclature ne comporte malheureusement pas la préposition, mais toutes les capitales ont été intégrées par ordre alphabétique dans la liste.

Vous pouvez aussi consulter une liste unilingue française avec l’article et la préposition : http://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2guides/guides/clefsfp/index-fra.html?lang=fra&lettr=indx_catlog_l&page=9iXDUHKL12ns.html.

4 réflexions sur « Liste des noms de pays »

  1. Félicitations! Avoir participé à la mise à jour de la liste de pays a été très enrichissant pour Sueli Santos et moi, Elisa Paoletti, terminologues au Bureau de la traduction. Je voudrais aussi préciser que toute l’information de la liste, et plus encore, a été versée dans TERMIUM®. Par exemple, sur chaque fiche de pays, vous trouverez les prépositions à utiliser en français ainsi que des notes pour renseigner au sujet de l’utilisation (ou non) des articles pour les quatre langues, anglais, français, espagnol et portugais. Bonne lecture!

    1. Un peu étrange ce document, on y lit que Liège est « Capitale, sièges diplomatiques ou consulaires » au même titre qu’Anvers. Je ne comprends pas bien l’intention des auteurs… S’il s’agissait d’indiquer les capitales des Régions, il aurait fallu indiquer Bruxelles uniquement (qui est la capitale de la Flandre) et Namur (capitale wallonne).

      1. Il y a manifestement une erreur. Cette liste s’inspire d’un document que j’avais rédigé sur les noms de pays, de capitales et d’habitants. La Terminologie du Bureau de la traduction lui a donné une nouvelle ampleur en y ajoutant les entrées en espagnol et en portugais. Le corpus comprend également les noms des villes. Chose certaine, Liège et Anvers ne sont pas des capitales nationales, je suis bien d’accord avec vous.

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