Sur une ferme

Nora a grandi sur une ferme. Voilà une phrase que l’on entend couramment au Canada français. Une faute de syntaxe dont la plus proche voisine est « Il siège sur un comité. »

Ce sont des calques syntaxiques de l’anglais : « Nora grew up on a farm. He sits on a committee. »

Comme je l’ai expliqué à maintes reprises, les francophones du Canada vivent dangereusement proche du monde anglo-saxon et leur langue s’en ressent.

On habite dans une ferme, on siège à un comité.

Êtes-vous sûr?

La confusion entre l’anglais et le français est telle qu’une chatte n’y retrouverait pas ses petits, pour employer une expression populaire. La préposition sur engendre de nombreux calques de l’anglais, calques qui pour un grand nombre de gens sont indétectables parce qu’on les entend partout.

En voici quelques-uns :

  • Être sur un avion – être dans l’avion.
  • Être sur la ligne – être en ligne.
  • Être sur le téléphone – être au téléphone.
  • Surfer sur Internet – surfer dans Internet.
  • Il y a beaucoup de monde sur la rue Principale – dans la rue Principale.

Amusons-nous un peu.

  • Être sur l’avion : j’espère que vous êtes bien attaché… Il fait un froid de canard, demandez une couverture supplémentaire.
  • Être sur la ligne : vous êtes équilibriste?
  • Être sur le téléphone : vous êtes assis dessus?
  • Surfer sur Internet : attention au tsunami!
  • Beaucoup de monde sur la rue Principale? Oui, les gens sont empilés et attendent le feu vert à l’intersection.

Des ouvrages comme le Colpron et le Multidictionnaire en répertorient bien d’autres.

5 réflexions sur « Sur une ferme »

  1. Je suis bien content qu’on confirme que je n’ai pas rêvé. L’emploi de la préposition « sur » dans ces exemples était inconnu dans mon enfance dans la région de Québec. A preuve, les écriteaux à Québec portent toujours la mention « Défense de stationner dans la rue »

    Il y avait beaucoup d’enfants dans notre rue. Manifestement le montréalais a supplanté notre parler québécois. Nostalgie. La télévision 100 % montréalaise y est sans doute pour quelque chose.

    Je refuse systématiquement d’aller sur l’autobus. Je paie assez cher pour occuper un siège dans l’autobus. Je conserve mon parler d’antan, ce qui est avantageux quand je converse avec des francophones d’Europe et d’Afrique. Nous sommes sur la même longueur d’ondes.

  2. Belle lurette que dans l’Hexagone, on travaille sur Paris, même en habitant sur Reims…

    Il y a toutefois un début de justification à cet emploi spatial, c’est qu’en disant sur Paris, on peut vouloir signifier à côté, autour, à Bagnolet ou aux Molières.

    Ça n’excuse pas qu’il écrase tout, évidemment.

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