Le verbe capitaliser est souvent employé au Canada et au Québec dans le sens de tirer profit de, profiter de, ce qui est un anglicisme.
Au sens propre, capitaliser signifie « Transformer un revenu en capital », comme l’indique le Larousse. Le mot peut également avoir le sens de « Amasser de l’argent », comme le précise le Robert. Cependant, ce dernier ouvrage ajoute un troisième sens, qui est justement de tirer profit de.
Or, cette acception vient directement de l’anglais, comme le signalent des ouvrages québécois comme le Multidictionnaire de la langue française, Le dictionnaire Usito et le Dictionnaire des anglicismes, de Colpron. En outre, cette formulation est absente du Dictionnaire de l’Académie. Elle n’est donc pas un retour de l’ancien français. C’est bel et bien un anglicisme.
D’ailleurs, le premier sens donné par Collinspour capitalize est bel et bien de profiter d’une situation.
Le Robert donne plusieurs exemples de capitaliser pris dans ce sens. Une courte recherche sur le web montre que cette acception est assez courante en France.
Des mots français infléchis par l’anglais
Ce n’est pas la première fois qu’un mot français voit son sens élargi sous l’influence de l’anglais. On peut penser à réaliser, au sens de « prendre conscience de »; à drastique, au sens d’énergique, de rigoureux; à attractif, au sens d’attrayant.
Dans les trois cas ci-dessus, le Robert indique soit qu’il d’un anglicisme soit que c’est un emploi critiqué.
Il semble maintenant que le dictionnaire ne veuille plus mentionner l’origine d’un sens nouveau, à savoir qu’il est inspiré de l’anglais. Les francophones européens deviennent de plus en plus influencés par l’anglais. Ils ne se contentent plus d’emprunts lexicaux comme black-out (prononcé blaca-outte) ou discount (prononcé discountte), ils rejoignent maintenant les Québécois avec des emprunts sémantiques.