Shutdown

Le shutdown est sur toutes les lèvres; les médias s’en gargarisent. Bref, l’expression paraît aussi inévitable que les tempêtes de neige au Canada.

Une brève escapade sur la Grande Toile permet de constater que le mot est présent un peu partout, tant dans la presse canadienne que dans les médias européens francophones.

Un article du Monde a retenu mon attention.

Son titre est éloquent : « Shutdown » oblige, Donald Trump invite la malbouffe à la Maison Blanche. Bien entendu, shutdown revient dans le corps de l’article, qui porte essentiellement sur le festin de bouffe industrielle, grasse et salée, offert par le président à une équipe de football américain qui lui rendait visite.

Ce qui est appelé malbouffe dans le titre devient fast-food dans l’article. Les rédacteurs ont vite repris leurs esprits après un moment d’étourderie… de quoi passer pour un de ces Québécois ou Canadiens fanatiques qui cherchent à tout traduire…

Mais peut-on justement traduire shutdown? Pas si simple, à moins de recourir à une périphrase, comme fermeture du gouvernement, paralysie du gouvernement. En fait, il serait plus précis de parler de la fermeture de l’administration fédérale, puisque le gouvernement au sens général du terme continue de fonctionner, d’une certaine manière.

Un lecteur suggère les traductions suivantes : fermeture de l’État, des agences fédérales, des services publics.

C’est là tout le génie de l’anglais. Prendre un verbe, lui accoler une préposition et former un nouveau mot, mot qui en soi ne veut rien dire au départ, mais prend tout son sens quand on connaît le contexte. Il exprime un concept bien défini. Qui a dit que l’anglais est une langue facile?

4 réflexions sur « Shutdown »

  1. À ce sujet, je n’aime pas, personnellement, l’expression « fermeture du gouvernement ». Non à cause de fermeture, mais à cause de gouvernement. En français, gouvernement a un sens beaucoup plus étroit que ‘government’ en anglais.
    Fondamentalement, ce sont les administrations qui sont fermées. Pas le gouvernement, au sens français du terme, ce qui signifierait que seuls les ministres, les secrétaires d’état et éventuellement leur personnel de soutien sont à l’arrêt. Ce qui serait peut-être un problème moins grave que la situation actuelle, en fin de compte.
    Ici, ce sont les fonctionnaires, à l’exclusion de ceux qui offrent des services essentiels, qui sont renvoyés chez eux.
    Autrement dit, on taquine l’anglicisme lorsque l’on parle de fermeture ou d’arrêt du « gouvernement ».
    Je trouverais donc plus juste de parler de fermeture ou d’arrêt (au sens littéral) de la fonction publique fédérale, de l’Administration fédérale, des administrations, des services de l’État ou des services gouvernementaux.
    À noter que la paralysie de l’État n’est que la conséquence de la fermeture de l’administration fédérale, mais que contrairement à la fermeture, elle n’est pas décidée en tant que telle.

  2. Dans l’Hexagone, il semble vain d’espérer un mot synthétique pertinent pour un phénomène que nous avons du mal à comprendre dans le seul pays qui peut pourtant s’endetter à volonté.
    Mais est-il utile de tout traduire ? Une bonne paire de guillemets – ou l’talique – fait excellemment l’affaire pour un évènement aussi ponctuel que spécifique. Autant les abus doivent être combattus pour des mots qui sont universels, autant on perd de l’énergie sur des cas locaux. Mais, en cas d’urgence, une tournure comme « Rideau baissé » pourrait faire l’affaire, tout en conservant l’idée du mot de départ.

  3. Il faut tenir compte d’un fait: l’équivalent français de shutdown est fermeture. Si l’on veut être précis du côté américain, on dira quelque chose comme shutdown of the government. Si l’État québécois en venait à un semblable cul-de-sac, on dirait fermeture des services gouvernementaux ou de la fonction publique. Dans les journaux américain, on pourrait se contenter du raccourci : Fermeture: l’Assemblée nationale refuse de voter les crédits. Il reste que se contenter de Shutdown ou de Fermeture (sans plus) est une simplification rapide mais simpliste.

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