Néofascisme

L’expression néofascisme existe depuis un certain temps avec un sens précis. Elle est d’ailleurs répertoriée dans le Trésor de la langue française avec la définition suivante :

Doctrine ou système politique qui s’inspire de la doctrine fasciste.

Le fascisme est né en Italie sous Mussolini. Ce terme a un sens particulier qui a été élargi pour englober les régimes politiques d’extrême droite.

Il est temps aussi de réviser le sens du néofascisme que les dictionnaires classiques associent à l’extrême droite italienne, qui vient de prendre le pouvoir en Italie sous la houlette de Giorgia Meloni.

Un peu partout dans le monde, on peut constater l’affaiblissement de la démocratie et la montée de l’extrême droite. On peut donc parler à bon droit d’un retour du fascisme, au sens large du terme. La définition restreinte à l’Italie ne convient plus.

Qu’est-ce que le néofascisme?

Un régime autoritaire qui réprime les contre-pouvoirs, comme les partis d’opposition, les syndicats, les médias, particulièrement ceux de l’opposition. Est néofasciste un pays qui, bien qu’officiellement démocratique, concentre le pouvoir entre les mains d’un personnage indélogeable. Le néofascisme ne supprime pas nécessairement les élections, mais il cherche à les contrôler et à empêcher l’alternance du pouvoir.

On aurait tort de croire que le néofascisme apparait uniquement dans des pays pauvres et instables. À l’instar de son ancêtre le fascisme, le néofascisme peut s’installer dans un cadre démocratique.

En effet, le fascisme traditionnel italien est issu d’un régime démocratique. Benito Mussolini a pris le pouvoir à la suite de la Marche sur Rome, en 1922. On peut ici parler ici d’un coup d’État, auquel a consenti le roi italien Victor-Emmanuel III. Vif admirateur du duce, Adolf Hitler a pris le pouvoir légalement, en 1933.

L’effritement de la démocratie

L’effritement de la démocratie est un terreau fertile pour le néofascisme. Celui-ci s’insinue par le biais de partis nationalistes-conservateurs qui jouent le jeu de la démocratie. Mais sitôt élus, ils en prennent large avec les contrepoids démocratiques et installent un régime autoritaire. Certains d’entre eux finissent par être battus aux élections, comme Jair Bolsonaro au Brésil.

Ce genre de recul peut laisser croire que le terme néofascisme est quelque peu exagéré. Pourtant, ce n’est pas le cas. La question à se poser est la suivante : que se serait-il passé si le président brésilien avait été réélu?

La même question se pose avec Donald Trump – et avec une plus grande acuité. L’ancien président clame que l’élection présidentielle de 2020 a été volée, alors qu’il sait très bien que c’est faux. Tout au long de son mandat, il a outrepassé les pouvoirs que lui accorde la constitution américaine et a été visé par deux procédures de destitution. Comble de tout, il a encouragé une tentative de coup d’État le 6 janvier 2021 alors que ses partisans ont pris l’assaut du Congrès. Des insurgés voulaient assassiner le vice-président Mike Pence et la leader démocrate Nancy Pelosi. (Les trumpistes néofascistes n’en démordent pas et ont encore voulu s’en prendre à Mme Pelosi à son domicile de San Francisco, le 28 octobre 2022.)

La défaite de Trump n’a rien de rassurant, car ses partisans convaincus d’avoir été floués briguent des postes de gouverneurs, de shérifs, de directeurs des élections un peu partout dans les États américains. pis encore, ils intimident les électeurs noirs dans les États du Sud pour les dissuader de voter aux élections de mi-mandat.

La démocratie américaine est profondément malade. Les États-Unis sont à un ou deux coups de fusil près d’une guerre ouverte entre partisans de la démocratie et néofascistes. Et tout le monde est armé…

Et la Russie

Le pays de Tchékhov représente un autre bel exemple de néofascisme. L’intermède démocratique de Boris Ieltsine a été éphémère et a ouvert, la porte du Kremlin à un autocrate du KGB dont on réalise aujourd’hui tout le caractère pernicieux.

Poutine est l’exemple parfait du néofasciste : il a joué le jeu de la démocratie pour peu à peu centraliser le pouvoir et éliminer tous ses adversaires en les emprisonnant ou les faisant assassiner.

Au Canada

Le Canada échappe Dieu merci au virus du néofascisme et du trumpisme… de moins pour l’instant. Pourtant, il n’y a pas si longtemps des camionneurs manipulés par des néofascistes américains ont occupé la capitale pendant trois semaines. Ils étaient encouragés par le chef actuel du Parti conservateur, Pierre Poilièvre.

Ce dernier prend la relève du libertarien Maxime Bernier, qui a fondé le Parti populaire du Canada. Alors que Bernier ressemble davantage à un amuseur de foire sans grande intelligence, Poilièvre, lui, est à la tête d’un grand parti national en train de se radicaliser. Il faut s’en inquiéter.

3 réflexions sur « Néofascisme »

  1. Le néofacisme ne trouve un terreau fertile et des appuis qu’en raison de l’incurie et du manque de droiture des dirigeants démocrates depuis trop longtemps. Sourds aux réalités vécues par la population, trop souvent dans le déni face à des problèmes sociaux délicats, trop souvent plus au service de leur parti ou de leurs ambitions personnelles que de leur pays, trop souvent compromis dans des magouilles, ces gens ont épuisé leur capital de confiance et miné la démocratie. Ils ont permis à des gens sans scrupules de s’imposer en faisant ce que eux n’ont pas fait : écouter la population (ou en faire mine). Ils sont les premiers artisans de la montée des extrêmes. Et je mets dans le même sac les partis d’opposition, quels qu’ils soient, qui au lieu d’adopter des attitudes constructives pour le bien du peuple, ont trop souvent joué la carte de l’opposition systématique, de la petite politique politicienne et de la division. C’est désolant. Je ne sais pas où tout ça va nous mener, mais il n’y a pas lieu d’être optimiste. Surtout que les jeunes générations ne font pas de la politique autrement, comme elles promettaient de le faire.

    1. Tout à fait d’accord avec vous, M. Riondel. Tout ça ressemble malheureusement à la question environnementale… J’ai bien peur que l’humanité ne réagisse que lorsqu’elle sera déjà empêtrée dans une voie sans issue…

  2. Merci pour ces précisions.

    Parfaitement d’accord. Comble de l’ironie, pour justifier sa tentative d’annexion de l’Ukraine, Poutine va jusqu’à accuser le pays d’être dirigé par des Nazis juifs!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *