Livrer la marchandise

L’ancienne cheffe libérale du Québec, Dominique Anglade, n’a pas livré la marchandise. Son parti a obtenu le pire résultat de son histoire aux élections de 2022, sans compter que le lien avec les francophones est rompu, ce qui est très grave.

Un calque

L’expression livrer la marchandise est un calque de l’anglais deliver the goods et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est expressif. Il a malheureusement fait plusieurs bâtards dans le franglais parlé au Québec, particulièrement par les personnalités politiques.

Encore une fois, en calquant l’anglais, on dira livrer sur quelque chose, dans le sens de livrer la marchandise. En poussant un peu, on finira par avancer que le gouvernement n’a pas livré tout court.

En français

Au sens littéral, on peut livrer des marchandises, ce que confirment les dictionnaires courants, aussi bien que le TLF. Ces ouvrages ne signalent que le sens propre. Le sens figuré… livré par l’anglais ne s’y trouve pas.

Pour en revenir à Mme Anglade, on peut affirmer qu’elle n’a pas été à la hauteur des attentes, qu’elle n’a pas répondu aux attentes. Elle n’a pas tenu le pari de relancer le Parti libéral du Québec. Bref, elle n’a pas rempli sa mission.

Chose promise, chose due

Une personne qui ne « livre pas la marchandise » n’a pas tenu ses promesses. Elle n’a pas respecté sa parole, elle n’a pas tenu parole.

L’expression livrer la marchandise illustre bien la force d’attraction de l’anglais, toujours prêt à recourir à une image pour exprimer une réalité abstraite.

4 réflexions sur « Livrer la marchandise »

  1. Je suis parfois mitigée comme réviseure linguistique devant les calques et le refus d’utiliser une expression imagée qui provient de l’anglais (ou d’une autre langue). Soit, l’expression « livrer la marchandise » n’apparaît pas dans les dictionnaires courants et les ouvrages ne signalent que le sens propre. Or, dans le langage oral et dans la culture en général, bien des gens l’utilisent et tout le monde en comprend le sens. Pourquoi ne pourrait-on pas « emprunter » cette expression, alors que, finalement, on l’a déjà acquise? L’usage ne peut-il pas finalement permettre cette expression, alors que les équivalents en français ne sont pas si imagés?

    Parallèlement, je tique chaque fois que quelqu’un s’écrie « Anglicisme! » devant un « Bon matin! ». En quoi les locuteurs de la langue anglaise peuvent-ils s’approprier l’exclusivité de souhaite une bonne matinée à autrui?

    1. Merci de votre commentaire. Bien des gens estiment que lorsqu’une expression fait mouche, il n’y a aucun mal à l’emporter. Pensons à « Ce n’est pas ma tasse de thé », passée dans le Robert. On pourrait aussi penser à « Le chat est sorti du sac. »

  2. Merci! Ce billet m’est toujours utile. J’ignore combien de fois je me suis précipitée pour l’ouvrir et y chercher un terme que vous y aviez déjà expliqué! Aujourd’hui, par exemple, dans une traduction à réviser il est dit que cet ensemble livre la marchandise. Ah! Ah! Cet ensemble (vêtements) est à la hauteur de vos attentes! Tellement plus précis. A t-on déjà vu un complet, un pantalon, un ensemble livrer la marchandise!

    Bonne journée.

    1. Merci de votre commentaire. Je suis content de savoir que je suis utile à des langagières comme vous. Au sujet de votre texte, il est assez triste de voir que bien des gens ne savent plus s’exprimer clairement.

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