Lori Saint-Martin

J’avais tellement hâte de la voir, cette intrigante Lori Saint-Martin. J’étais arrivé en avance au kiosque des éditions du Boréal afin de pouvoir lui parler avant que la foule ne se presse. Je fus le premier.

Lori est décédée subitement cette nuit à Paris, où elle assistait à un congrès d’écrivains. Elle avait 63 ans et laisse une marque indélébile dans le paysage littéraire québécois.

Lori était simple, modeste. Elle m’a dédicacé son livre Pour qui je me prends : « Pour André, un autre de ces êtres qui vivent entre les langues. »

Une grande écrivaine et traductrice

Lori a publié un roman en 2013, Les portes closes. Mais c’est surtout son œuvre d’essayiste qui retient l’attention. À cet égard, son dernier opus, Un bien nécessaire lève le voile sur le monde méconnu de la traduction littéraire, trop souvent assimilée à une déformation du texte original.

Que nenni! Clame l’auteure. Et elle a raison. « On voit souvent la traduction comme un mal nécessaire, dit-elle. On a tort. Elle est un bien nécessaire comme l’eau, comme l’air. » Elle montre que la traduction littéraire est miracle, beauté, plénitude.

Un ouvrage clé pour quiconque apprécie la littérature étrangère.

Pour qui je me prends étonne encore plus. Le parcours personnel de Lori Saint-Martin est unique : anglophone née à Kitchener, elle décide très jeune de rompre non seulement avec son milieu, cette ville provinciale sans intérêt, mais aussi avec sa culture anglophone. Elle décide à dix ans de devenir francophone et se met à la tâche.

Son livre est bien plus qu’un récit personnel, il est un hymne à l’apprentissage des autres langues, à ce bonheur indicible de devenir quelqu’un d’autre quand on parle le français et l’espagnol au lieu de l’anglais.

Ce bonheur fait sauter tous les obstacles du français : les listes de verbes à apprendre, l’orthographe, la grammaire… Le livre est parsemé de réflexions remarquables, profondes, sur l’apprentissage des langues.

Le Québec vient de perdre l’une de ses brillantes plumes.

3 réflexions sur « Lori Saint-Martin »

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