L’apprentissage du français n’est pas une sinécure. L’orthographe pose une série de problèmes à cause des innombrables illogismes dont est parsemée notre langue.
J’ai déjà évoqué le cas des couples mal assortis, comme donner et donateur, souffler mais boursoufler. L’Académie a proposé en 1990 de faire un peu de ménage de ce côté, mais la résistance bétonnée devant ces timides rectifications n’a pas permis de faire les progrès souhaités.
Car tout le monde finit un jour ou l’autre par tomber dans le piège en écrivant donnateur. La logique la plus élémentaire nous mène pourtant dans un cul-de-sac.
Cet exemple met en lumière le problème épineux que constitue le doublement des consonnes. Les mots suivants s’écrivent avec la double consonne :
Littérature
Dictionnaire
Aggraver
Raisonner, résonner (dont le substantif est… résonance)
Les trois premiers mots donnent en anglais literature, dictionary et agravate. Imaginons maintenant qu’une rédactrice écrive litérature, dictionaire, agraver. Le lecteur pressé ou peu attentif n’y verrait que du feu, car nous lisons des mots entiers, et non des lettres.
Dès lors, une question se pose : serait-il concevable d’écrire ces mots sans double consonne? Le sens serait-il perdu? Non.
Est-il plus logique d’écrire littérature avec deux t qu’avec un seul? Non plus.
L’élimination des doubles consonnes simplifierait considérablement l’orthographe française.
Bien entendu, on n’en est pas là. La simple suppression de l’accent circonflexe sur le u et le i a enflammé l’Hexagone, alors…
Certains accuseront l’auteur de vouloir jeter par-dessus bord le merveilleux héritage de notre langue, de faire fi des traditions séculaires du français. Eh bien justement non.
Il ne s’agit pas de transformer le français en langue phonétique; ce serait aller trop loin et on ne s’y reconnaîtrait plus. Mais une simplification de l’orthographe serait la bienvenue.
Or, l’orthographe du français s’est graduellement simplifiée au fil des siècles. Il est même plus simple que l’anglais, dans lequel les lettres changent sans cesse de prononciation.
Un petit coup de plumeau du côté des doubles consonnes serait le bienvenu.
Je revêts mon armure et attend vos commentaires…
A l’exception de la phrase finale, je signe votre texte des deux mains.
Je ne peux que souscrire au commentaire de Michel Francard : il faut d’urgence vous procurer des « s » au marché !
Cela étant, le problème des aberrations est bien identifié et il y a des convaincus en Europe francophone pour promouvoir des modifications raisonnables mais nettes et assumées. Le souci est de savoir comment. On n’influence pas la langue comme l’économie et il est plus facile de la dégrader que de l’améliorer. À quand une structure, même informelle, pour développer une voix en vue de réformer le français international et mettre la francophonie à l’aise avec son patrimoine tortueux ?