Trappe

Il faut se méfier des faux amis, surtout des faux-faux-amis. Méfiance peut être porteuse d’erreur. En effet, l’inlassable chasse à l’erreur incite des langagiers à se méfier de tout… même de ce qui est correct.

Le mot trappe en est un bel exemple. Il m’apparaissait évident que des expressions comme « trappe à touristes » ou « trappe à souris » étaient un calque de l’anglais.

Pantoute. (En québécois, signifie « pas du tout ».)

Une trappe est un piège, nous disent les ouvrages de langue, un piège pour attraper des animaux en couvrant un trou avec des branchages.

Une trappe, c’est aussi une ouverture pour accéder à une cave ou à un grenier.

Au Canada

Les Canadiens donnent un autre sens au mot étudié. Ils en ont fait un synonyme de « gueule ». Par exemple, on dira que Jérôme est une grande trappe. Rien à voir avec un piège ou une ouverture. Il a tout simplement une grande gueule, il parle trop.

Selon le Multidictionnaire de la langue française, le mot a pris également le sens de chasse. Faire de la trappe, c’est pratiquer un type de chasse à l’aide de pièges. Les Amérindiens sont des trappeurs, par exemple.

Comme quoi, il faut parfois faire passer à la trappe notre méfiance légendaire de langagier.

7 réflexions sur « Trappe »

  1. Je me demande si le mot « trappe », au sens de « gueule », vient du « trap » angais que je me souviens de ma jeunesse dans le Maine (l’État américain du Maine) des années 50es, comme dans « Shut your trap ! »).

  2. Ce n’est pas parce que « trappe » a, dans certains contextes, le sens de « piège », que ce n’est pas un faux ami et un anglicisme. Si, « trappe à touristes » est un anglicisme, parce que la traduction normale est « piège à touristes » et que remplacer « piège » par « trappe » sous l’influence de l’anglais est un anglicisme. « Trappe » a le sens de « piège » dans certains contextes seulement, en particulier quand on décrit le dispositif physique utilisé pour piéger la victime. Et pour les souris, on parle de « souricière ». Là encore, dire ou écrire « trappe à souris » sous l’influence de l’anglais est un anglicisme.

  3. Historiquement, le mot francique ‘trappa’ remonte bien plus loin que le XIIe siècle mentionné par l’Académie puisqu’on le trouve dès le VIe siècle dans la loi salique. En France, on en garde une superbe trace dans la célèbre abbaye de la Trappe, en Normandie, ainsi nommée à sa création au XIe siècle dans des terrains boisés et sauvages propices au braconnage.
    Sur la base des mentions médiévales, on peut déduire que les pièges en question fonctionnaient sur le principe de planchettes ou branchages au dessus d’un trou, Cela assure la cohérence avec les trappes d’ouverture dans une surface et des mots comme chausse-trappe, l’anglais ‘tread’, l’allemand ‘Treppe’ (escalier) et d’autres liés à la marche. En revanche, rien pour les souris…

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