Safe space

Notre société est de plus en plus sensible. On craint tellement d’offenser quelqu’un que les productions télé et cinéma sont systématiquement précédées de ce qu’on appelle en anglais des trigger warnings, ces avertissements indiquant aux spectateurs que le langage employé pourrait ne pas convenir, que des personnes fument ou boivent de l’alcool.

Même des comédies inoffensives reçoivent ce genre d’avertissement. Nous en sommes là.

L’idée est toujours de créer des safe spaces dans lesquels personne ne pourra se sentir mal à l’aise. Le terme anglais a fait recette et n’est que rarement traduit.

De prime abord, on serait tenté de suivre la démarche de l’anglais, tellement plus simple et rassurante. Donc : espace sécuritaire, sûr, de sécurité, sécurisant.

Voilà qui est offensant pour toute personne aimant la langue française. Mais comment se démarquer de l’anglais? Ne pourrait-on pas parler de milieu sécuritaire ? Peut-être d’un endroit sûr ? Certains diront un endroit sûr réservé.

Par ailleurs, les périphrases ne sont guère attrayantes. « Endroit où l’on se sent en sécurité. » « Endroit où l’on est à l’abri. » À l’abri de quoi? De la réalité?

Ces fameux milieux sécuritaires ont pour objet de créer une zone sécuritaire, aseptisée, censée protéger les étudiants d’université ou les personnes assistant à une pièce de théâtre de mots ou de propos « jugés offensants » par certains. Il s’agit de les protéger, comme si on les amenait dans un refuge pendant un bombardement ennemi. On serait tenté de parler de cocon protecteur, mais il est clair que cette formulation serait jugée… offensante.

En ce jour de la Francophonie, c’est sûrement la langue française au Canada qui aurait besoin d’une zone de protection.

4 réflexions sur « Safe space »

  1. Très consciente de m’exprimer en langage québécois populaire : on est en pleines quétaineries du festival nord-américain de la « moumounerie » sociétale !
    Si les parents éduquaient leurs enfants sur les valeurs du bon et du mauvais (attention, je n’ai pas dit le bien et le mal !), nous serions capable d’estimer ce qui nous convient et ce que l’on considère comme inacceptable. En parfaite subjectivité individuelle, puisque c’est à chacun de vivre sa vie selon ses propres valeurs.

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