Les prépositions pièges

Les prépositions sont un moyen sûr de détecter les locuteurs étrangers qui parlent votre langue avec un accent parfait. C’est à s’y méprendre… jusqu’au moment où ils butent sur une préposition.

Les prépositions sont les mines antipersonnel des langues. Elle sont rarement gouvernées par la logique, puisque leur utilisation diffère d’une langue à l’autre.

Prenons le verbe attendre. En français, on attend quelqu’un; en anglais on attend POUR quelqu’un, tandis qu’en allemand on attend SUR quelqu’un.

Nul besoin d’être un anglophone pour s’enferrer (l’ancêtre d’enfarger) dans le nœud kafkaïen des prépositions.

Nous allons pallier à ces inconvénients. Ici, le à est de trop. Nous allons pallier ces inconvénients.

Une erreur que l’on entend souvent dans les médias et partout : Les pourparlers achoppent sur la question de la rémunération. La préposition exacte est à : Les pourparlers achoppent à la question de la rémunération.

Les institutions gouvernementales peuvent elles aussi comporter des pièges. Qu’on en juge. Le ministère de la Santé, le secrétariat à la Condition féminine.

Les ministères américains s’appellent secrétariat. On dira donc : le secrétariat au Trésor, et non du Trésor.

Un verbe comme discriminer pose problème. Les exemples sont nombreux avec la préposition contre; il y en a aussi un bon nombre dans lesquels le verbe est employé sans préposition.

S’il est clair que l’on peut dénoncer la discrimination contre un groupe précis, il est moins certain que l’on puisse dire : discriminer contre tel groupe. On le voit pourtant, aussi bien en Europe qu’au Canada.

Le verbe est aussi employé de manière absolue :

À propos du handicap, nous constatons une tendance à fournir certains services aux personnes handicapées, mais à les discriminer. (Parlement européen)
Voici un extrait d’un débat au Parlement canadien :
Bien entendu, ces mesures ont été rejetées du revers de la main par ces réformistes-conservateurs qui ont préféré discriminer les industries en n’étant généreux qu’avec celles qui lui fournissent le plus de capital politique.
Cette fois-ci, on voit que le verbe est employé sans préposition. L’usage ne semble donc pas fixé, ce qui explique que les derniers dictionnaires escamotent le problème en ne donnant aucun exemple précis avec le verbe discriminer.
Pour en savoir plus sur le verbe discriminer, veuillez consulter cet article et le suivant.

Une réflexion sur « Les prépositions pièges »

  1. Mon Robert de 2001 donne malgré tout encore l’exemple suivant :

    ¨ Littér. Faire la discrimination entre. Þ distinguer, séparer. Il a « judicieusement discriminé les créatures et les écrivains du second et du troisième rayon » (Henriot).

    On notera au passage que la préposition « entre » s’utilise aussi avec discrimination (et, en toute logique, discriminer).

    Par ailleurs, un autre verbe qui se passe très bien de préposition est primer. Un argument prime un autre (et non sur un autre).

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