Les mythes de la nouvelle orthographe

Ces dernières semaines, on a entendu et lu beaucoup de commentaires sur les rectifications de l’orthographe de 1990. Comme il y a déjà un quart de siècle, les échanges de vue ont souvent dérapé. Un peu triste de constater que certains mythes continuent d’être propagés dans les médias sociaux et autres.

Que vous soyez pour ou contre ces rectifications, somme toute bien modestes, essayez au moins d’étayer vos commentaires de faits établis.

Voici donc une récapitulation des faussetés recensées dernièrement.

Les rectifications sont obligatoires; les graphies traditionnelles sont caduques.

FAUX. Les rectifications sont optionnelles.

C’est un bouleversement complet de la façon d’écrire.

FAUX. Seulement 1400 mots sont touchés, dont environ 800 sont d’usage courant. Cela représente un ou deux mots par texte de deux pages. En fait, les rectifications sont presque imperceptibles dans un texte courant.

On ne pourra plus faire la différence entre sur et sûr.

FAUX. On a beaucoup écrit sur cette fausseté dans les médias sociaux… C’est justement pour éviter la confusion entre sur, mur, du, jeune, que l’accent est maintenu : sûr, mûr, dû, jeûne.

Dorénavant, on écrira au son.

FAUX. L’orthographe du français demeure largement étymologique, contrairement à celle de l’espagnol, de l’italien et du portugais. On continuera d’écrire philosophie et théâtre.

Les rectifications introduisent une nouvelle faute avec nénufar.

La graphie nénuphar est la véritable faute. Ce mot ne vient pas du grec mais de l’arabe nînûfar. C’est une faute de transcription survenue en 1935 qui a introduit un faux hellénisme. Les dictionnaires d’avant cette date écrivaient nénufar.

Il sera impossible de lire les grands classiques.

FAUX. L’orthographe des œuvres de Rabelais, aussi bien que celles de Flaubert, est actualisée dans les éditions modernes, et ce, depuis longtemps.

Il est maintenant permis d’écrire «les chevals».

Ce mythe est propagé dans les écoles par des professeurs qui ne savent manifestement pas de quoi ils parlent.

Hostilité et méfiance…

 Mon enseignement m’a permis de constater que les langagiers sont en général méfiants. De fait, beaucoup d’entre eux ignorent la teneur exacte des rectifications. Lorsqu’on leur explique, leur hostilité s’atténue.

Ce qui agace souvent les participants à mes ateliers, c’est que les rectifications sont une série de demi-mesures. Par exemple, on supprime le trait d’union dans certains mots commençant par un préfixe; pourtant bien d’autres mots conservent le trait d’union. L’illogisme persiste.

Mais on peut se demander si une réforme plus ambitieuse du français passerait la rampe, quand on constate la levée de boucliers qu’a suscitée une modeste rectification de l’orthographe.

On lira avec intérêt l’article suivant qui retrace l’histoire du conservatisme linguistique des Français.

 

 

Une réflexion sur « Les mythes de la nouvelle orthographe »

  1. Une partie de l’article est doublé… le fait qu’on enseigne à ma fille  » Je vais aimer  » au lieu de « J’aimerai » me dérange beaucoup plus que cette réforme de l’orthographe qui est plutôt logique.

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