Impliquer est un verbe courant qui a connu une mutation intéressante au fil des siècles. Il est passé d’un sens péjoratif à un sens positif, revêtant même la cape du verbe réflexif pour se donner plus d’éclat.
Ce qui est le plus étonnant, c’est que les deux sens cohabitent dans une relative harmonie. Pourtant, le verbe continue de faire grincer les dents de bien des langagiers.
Sens traditionnel
Au départ, c’était clair, impliquer signifiait – et signifie toujours – être engagé dans une affaire fâcheuse, souvent judiciaire.
Être impliqué dans un scandale de corruption.
Balzac l’employait dans ce sens, comme le signale Le trésor de la langue française. L’usage allait évoluer.
Avoir comme conséquence
Le verbe a pris une tournure beaucoup plus neutre, puisqu’il peut marquer une conséquence logique.
Entrer en politique implique de faire de nombreux sacrifices personnels.
Le Trésor mentionne aussi un emploi pronominal au sens de s’entrainer logiquement.
Toutefois, la forme pronominale contemporaine a pris une autre signification.
S’impliquer
Votre voisin s’implique dans le scoutisme. Est-ce une faute? Pour bien des gens, oui. À leurs yeux, le sens d’impliquer est détourné et il serait préférable de dire s’investir.
Cette tournure a pénétré l’usage à un point tel que le Multidictionnaire du français l’accepte sans restriction. Il en va de même pour le dictionnaire québécois Usito. En outre, la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française ne le condamne pas non plus. Elle affiche l’exemple suivant :
Marie-Noëlle compte s’impliquer dans l’association étudiante de son école.
Même le Larousse y met du sien :
Mettre beaucoup de soi-même dans ce qu’on fait : S’impliquer dans son travail.
Une forme fautive
Lorsque le verbe signifie « être concerné par quelque chose », dans un sens non péjoratif, il doit être remplacé par toucher, intéresser, concerné.
Les personnes touchées par cette décision peuvent s’adresser au directeur.