Cookies. Les Américains mangent des cookies. Vous en aurez la preuve en écoutant un film états-unien doublé en France. Ils mâchent aussi du chewing-gum, sans doute pour mieux digérer les donuts qu’ils engloutissent en quantité industrielles.
Homer Simpson s’étoufferait probablement si son fils Bart lui disait : « P’pa, tu manges un autre donut? » Du moins dans la version québécoise… Parce que la version doublée en France est complètement différente et vous pouvez être certain que le mot donut n’est pas traduit.
La vision qu’ont les Français et les Québécois de l’Amérique est radicalement différente. Pour les premiers, un pays de Cocagne, une nation fabuleuse, une république sœur à imiter à tout prix. La multiplication des américanismes est un délice du discours.
Pour les seconds, il faut traduire et cette pulsion obsessive est un grand mystère en Europe, quand elle n’est pas tournée en ridicule.
Cette anglicisation du vocabulaire nous amuse également. Sauf erreur, ce sont les soldats américains qui ont introduit le chewing-gum en France. On comprend la joie immense des Français, des Belges et des Luxembourgeois de voir débarquer les boys venus les libérer du joug nazi; avec les soldats canadiens, soit dit en passant.
Comme c’est souvent le cas, les noms de mets étrangers restent souvent les mêmes. Il est donc compréhensible que l’on ait gardé l’appellation chewing-gum, au même titre qu’on parle des spaghettis, par exemple.
Comme je l’ai expliqué à quelques reprises, Québécois et Canadiens sont plus enclins à traduire les réalités américaines, à cause du statut précaire du français en Amérique. Nous avons donc créé l’expression gomme à mâcher. Chez nous, chewing-gum ne s’entend jamais.
Ainsi en va-t-il avec les donuts, appelés tout simplement beignes. On pourrait dire également beignets, mais ce terme est inusité chez nous.
Revenons aux cookies. Le Robert parle d’un biscuit rond comportant des éclats de chocolat ou de fruits secs. Ce qu’on appelle généralement chez nous un… biscuit. Qu’il s’agisse d’un sablé, d’un biscuit rond ou carré, qu’il soit au chocolat ou pas, pour nous un biscuit est un biscuit. Seuls les anglophones mangent des cookies.
Les gens de ce côté de l’Atlantique sont quelque peu perplexes devant la définition européenne du mot biscuit. Le Larousse : « Pâtisserie faite de farine, sucre, matières grasses, œufs, etc., susceptible, après cuisson, de conserver ses qualités pendant un temps donné. » Cette définition correspond à ce que l’on appelle au Québec un biscuit.
Toutefois, le Robert parle aussi d’un petit gâteau sec.
Au Canada, le lien entre un gâteau et un biscuit n’est pas évident. Dans nos contrées, un gâteau est généralement perçu comme une pâtisserie ayant une certaine grosseur, généralement ronde. En Europe, le gâteau peut prendre diverses formes, par exemple une profiterole, qui, chez nous, serait plutôt une pâtisserie.
La variété de gâteaux existant en Europe est absolument époustouflante. Du millefeuille au flan en passant par la charlotte… D’où mon étonnement de trouver le mot cake en français, traduction exacte de… gâteau. Selon le Larousse, le cake serait un « Gâteau en pâte levée, garni de fruits confits et de raisins secs, moulé en rectangle. »
Là encore, pas de cake au Canada ou au Québec français.
Le français, ce n’est pas toujours du gâteau.
Ah non, André, ne relancez pas la guerre des anglicismes, svp! Pour les Européens, vous le savez bien, l’utilisation de ces mots américains permet de nuancer le discours. À chaque mot correspond une image mentale bien précise. Si vous dites à un Français que vous mâchez de la gomme, il va vous envoyer sur-le-champ à l’urgence ou à l’hôpital psychiatrique. Pour les mangeurs de camembert, une gomme sert à effacer, et la gomme sert à fabriquer les pneus.
Quant au mot cake, c’est une façon commode et sans ambiguïté de nommer le traditionnel dessert de Noël. Et puis, avouez que traiter un ado boutonneux de «tronche de gâteau aux fruits» serait beaucoup moins drôle!
Je suis d’accord avec vous pour dire que certains anglicismes renforcent la précision du français. Mais, vu d’ici, un anglicisme comme cluster est absolument inutile, alors qu’on peut dire «foyer d’éclosion». Ce n’est pas uniquement le désir d’être précis qui amène les Français à employer tel ou tel mot anglais, mais bien une certaine jubilation à parler américain.
…ni de la tarte!
Tout ça est très juste. Et maintenant les cookies envahissent nos écrans ! On doit les avaler de force!
Foutez leur la paix aux Francais. Les Canadiens utilisent autant d’anglicismes que les Européens. Vocabulaire et syntaxe. Ce ne sont seulement pas les mêmes qui sont utilisés.
Bon. vous avez réussi. Je vais me désabonner. Ce n’est pas ce que je cherchais comme blogue.
Bonne continuation.
Vous avez raison. Il serait temps d’en revenir des anglicismes des Français. Après tout , ils parlent bien mieux notre langue. Désolé de vous voir partir.
Nous, au Québec, on commet peu d’anglicismes. La preuve:
« Hier, j’ai callé le manager de la business que tu m’as conseillée, pour avoir un loader pour arranger mon driveway, mais son gars était off. J’ai dit: « Y a pas de rush, tu me calleras quand t’auras tout ton staff puis l’affaire va être ketchup. » Le manager m’a dit qu’il tchèquerais le prochain shift. Tout d’un coup il a eu un flash. Il m’a dit que son dispatcher serait willing pour envoyer quelqu’un tu suite. Il me demande c’est quoi la job. Je lui dis que mon driveway est sus l’rough puis qu’il faut mettre ça flush avant de le couvrir. Il m’a dit qu’il apporterait une batch de ciment. Là je suis venu pour entrer chez-moi, mais mon ketch était barré. Hèye c’est pas des jokes, j’ai été obligé de défoncer puis je me suis pucké l’épaule. »
Blague à part, ne partez pas Sébastien. Vous avez raison. J’adhère à votre opinion. J’y apporterai mes nuances bientôt. 🙂
Comment savoir si un documentaire anglophone a été doublé en France ou au Québec ? Les lieux géographiques qui y sont mentionnés peuvent être d’une certaine aide. Si vous entendez « Bostonne », « Michiganne », « Wisconsinne », etc., le doublage, à coup sûr, a été fait en France. Les Français doivent être bien étonnés lorsqu’ils nous entendent prononcer ces noms de lieux avec une nasale bien claire, sonore et bien française. Il ne m’étonnerait pas qu’ils disent « Orégonne ». Mais celle-là, je ne l’ai pas en mémoire.