Jamais un politicien n’a vu son nom décliné de manières aussi variées, sauf peut-être Mouammar Kadhafi.
Le premier ministre d’Israël aligne les graphies contrastées : Benjamin, Binyamin, Benyamin Netanyahu, Netanyahou, Nétanyahou… Ce feu d’artifice étonne, car les anciens chefs de gouvernement de l’État hébreu voient leur nom écrit d’une seule façon. Le plus souvent, on s’en tient à une translittération vers l’anglais : Shimon Peres, Yitzhak Rabin, Menahem Begin. Seul le nom d’Ehoud Barak était translittéré en français.
Translittéré? Les noms hébreux ne sont pas écrits en caractères latins. Il faut donc transposer les sons en respectant les graphies de la langue d’arrivée. C’est ainsi qu’on écrit Poutine en français, mais Putin en anglais.
Comme je l’ai indiqué dans un article sur la langue russe, la translittération n’est pas une science exacte et, pour bien des langues, on se contente des graphies anglaises. Par exemple, pour le japonais. Fukushima, au lieu de Foukouchima.
Ce qui rend le cas de Nétanyahou intéressant, c’est son prénom. On observera que Benyamin revient le plus souvent dans des ouvrages de qualité, comme le Larousse, et des journaux bien rédigés, comme Le Monde et Le Figaro.
Alors pourquoi Benjamin, tout à coup? Il faut savoir que le premier ministre israélien a étudié aux États-Unis et qu’il a probablement voulu simplifier son prénom en le transformant. Or, Benjamin n’est pas son véritable prénom; il s’agit plutôt d’une traduction.
Habituellement, on ne traduit pas les prénoms des personnalités. Que diriez vous de Guillaume Clinton (William)? De Francis Hollande? D’Angèle Merkel?
La graphie Benjamin Netanyahu est une importation de l’anglais. On devrait donc l’éviter, puisqu’un grand dictionnaire et des journaux sérieux emploient une graphie française.
Cela vaudra pour tous les Ariel Sharon qui se sont immiscés dans notre langue.