Le Canada est rempli d’académiciens, le saviez-vous? C’est en tout cas ce qu’il faut déduire, si l’on en juge par le nombre de fois que le mot académique se pointe le nez dans les écrits portant sur le monde de l’enseignement.
N’en jetez plus, la cour est pleine : formation académique, année académique, dossier académique, etc.
Au Québec, en Belgique et en Suisse
En fait, il est question d’une formation universitaire et collégiale.
Pourtant, le terme en question désigne tout ce qui a rapport à une académie; c’est ce que dit l’Académie française. Il faut donc considérer son usage abusif, à moins que nos universités et collèges ne soient tous devenus des académies, ce dont je doute.
On observera toutefois que académique est employé par nos amis belges et suisses au sens d’universitaire. Le sens est donc un peu plus restrictif qu’ici en Amérique. S’agit-il d’un anglicisme? Apparemment oui, mais je suis loin d’être convaincu que nos cousins wallons et helvètes se soient inspirés de l’anglais. Peut-être que certains lecteurs pourront me renseigner à ce sujet.
En France
On pourra objecter qu’on décerne en France les palmes académiques, une distinction qui récompense les services rendus à l’université. Il faut toutefois être conscient que nos cousins d’outre-mer emploient le mot académie dans un sens bien particulier, qui n’a pas cours chez nous : circonscription de l’enseignement.
Conclusion
Certains avanceront que tout ceci est un débat… académique, c’est-à-dire un débat un peu trop conventionnel. Peut-être l’avenir leur donnera-t-il raison et que académique est là pour rester au Québec et au Canada.
Et il ne s’agit pas d’un débat académique théorique. D’ailleurs, la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française présente un article intéressant sur la question.
Le mot « académique » est tellement répandu qu’il faudra un jour en accepter l’élargissement sémantique. Et ce sera faire preuve d’un rigorisme opiniâtre, voire d’un purisme maniaque que de s’y opposer. Grevisse ne jurait que par l’usage. Eh bien l’usage ici parle très fort. Il crie même à tue-tête. Enfin, c’est ce que je crois.
Je suis d’accord avec vous. Vous lirez avec intérêt mon article sur la liberté académique, plus à jour que celui que vous venez de lire : https://andreracicot.ca/liberte-academique/.