Téléjournal

Petit intermède de douce moquerie sur les tics langagiers qui fleurissent dans les médias. Combien en voyez-vous dans ce texte fantaisiste, mais pas si loin de la réalité?

L’envoi de vaccins est un enjeu significatif dans cette course contre les variants du coronavirus. Les autorités ont en effet eu des problématiques avec l’approvisionnement venant d’Europe et les délais font en sorte que le calendrier de vaccination risque de ne pas être respecté.

Clip d’un responsable gouvernemental : « C’est évident qu’à ce moment-ci, nous ne pouvons rencontrer nos échéances. C’est définitivement un défi qui nous interpelle. »  Question du journaliste : Pourquoi au juste? Réponse : « Parce que plus de monde va tomber malade éventuellement. » 

C’est tout un enjeu pour le gouvernement et l’impact de ces délais pourrait faire la différence. Notre correspondant Christian Lalancette, basé à Trois-Rivières, est allé voir comment se déroule la vaccination là-bas. Bon matin Christian :

La mairie suit la situation sur une base régulière pour faire en sorte que les impacts ne soient pas trop importants dans la Mauricie. Pourtant les arrivages arrivent à temps à toutes fins utiles et les Trifluviens affluent aux centres de vaccination.

Images d’aiguilles que l’on prépare suivie de quatre scènes d’injection dans l’épaule en gros plan.

Les vaccinés sont interviewés à la caméra.

– Y’était temps que ça arrive.

– On va pouvoir sortir!

– Mon mari est contre, pis moi je viens pareil.

Vieille dame en chaise roulante : « C’est ma fille qui m’amène. »

Les responsables de la Ville ont été rencontrés par des représentants fédéraux et disent qu’ils voient la lumière au bout du tunnel. Beaucoup de gens se font dépister, également.

Le maire de la ville, Lucien Laurier, souligne qu’un nombre historique de citoyens ont été vaccinés aujourd’hui, plus de 5 000, un record absolu et jamais égalé.

L’animateur : on va continuer de suivre ça… Merci Christian. En terminant, une histoire incroyable de girafe qui a accouché d’un rhinocéros… Après la pause.

Une douzaine de spots publicitaires explosent à l’écran, dont deux qui se répètent. Le rythme de l’émission est complètement brisé. Pseudo-reportage qui reprend les grandes lignes d’une émission d’affaires publiques diffusée plus tard en semaine. Douze autres annonces. Arrive le reportage sur la girafe.

Bon matin tout le monde…

***

André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

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4 réflexions sur « Téléjournal »

  1. Problématique au lieu de problème. ; délais au lieu de retard (?) jamais entendu en France ; rencontrer nos échéances ? espérons que la rencontre a été fructueuse ! ; éventuellement (eventually) ; à ce moment devrait plutôt être en ce moment ; impact est un anglicisme, il faudrait dire retombées, affaires publiques ? affaires gouvernementales ?

    1. Votre étonnement au sujet de certaines constructions inspirées de l’anglais montre que le français canadien n’est pas toujours intelligible pour nos cousines d’outre-Atlantique. Mais nous nous rejoignons par des emprunts communs comme «impact», qui a supplanté les mots suivants : conséquences, retombées, effets, etc. Dommage. J’ai écris un billet à ce sujet.

  2. Je relève, rapidement, outre les tics anglicismes précédemment mentionnés: «significatif», «problématique», «définitivement», «bon matin», à toutes fins utiles», «chaise roulante», «base régulière», et évidemment, j’en oublie, dont le redondant «record absolu et jamais égalé» après qu’il a été mentionné que le nombre de vaccinés était «historique» et le discutable «lumière au bout du tunnel»

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