Lorsqu’on lit des publications européennes, on a l’impression que toute la technologie ne peut être exprimée qu’en anglais. Or c’est faux. Force est de constater que la volonté de traduire a disparu en Europe.
Pourtant, des traductions françaises se sont imposées dès les débuts de l’informatique.
Ordinateur
Commençons par le mot ordinateur. Dans d’autres langues, comme l’allemand ou l’italien, on dit computer. L’anglicisme aurait pu s’imposer en français, mais l’idée de computer quelque chose sonnait drôle à l’oreille, pour des raisons qui n’échappent à personne.
Beaucoup l’ignorent, mais l’anglicisme vient du français… computer, lui-même issu du latin computare, qui signifie calculer. Citation de Châteaubriand : « On compute encore par les ères julienne, grégorienne, ibérienne et actienne. »
Quant au mot ordinateur, il a été imposé par le général de Gaulle.
Logiciel
Traduction de software. Je ne suis pas certain que le terme serait traduit aujourd’hui. Malheureusement, les anglicismes prennent maintenant toute la place.
Ce mot très répandu semble impossible à rattraper. On reçoit un mail, on mail une autre personne. Au Québec, nous utilisons à peu près uniquement le mot courriel, un mot valise combinant courrier et électronique. Une belle trouvaille, à un point tel que le Larousse donne une définition lapidaire d’e-mail : courriel.
Smartphone
Traduit par téléphone intelligent par les irréductibles Québécois. Mais, dans la vie courante, cette traduction n’est plus aussi employée qu’auparavant. Pourquoi? Parce que la plupart des gens possèdent un téléphone intelligent; par conséquent, on parle de téléphone tout court
Podcast
Autre terme répandu et inscrit dans les dictionnaires, dont le Robert : « Fichier audio ou vidéo diffusé par Internet, destiné à être téléchargé. » L’ouvrage mentionne cependant qu’au Québec on dit balado. Il s’agit d’un raccourci pour baladodiffusion, terme que l’on entend couramment à Radio-Canada.
Ransomware
On ne souhaite à personne de se faire pirater son ordinateur et de recevoir par la suite une demande de rançon. Ce sont souvent les grandes entreprises qui en sont victimes.
L’expression a été rendue par le très inélégant rançongiciel.
Hacker
On peut certes parler de pirate informatique, mais force est de reconnaître que l’anglicisme s’est frayé un chemin dans notre langue. Lisez mon article à ce sujet.
Web
« Système hypermédia permettant d’accéder aux ressources du réseau Internet », nous dit le Larousse. On parle parfois de la Toile. L’anglicisme est largement utilisé.
Liker
Certes, on pourrait dire aimer, mais le terme est plus général. Une vidéo peut être aimée… mais combien de likes a-t-elle reçus? Dire que l’on a aimé un post de son ami est assez vague. On peut l’avoir lu tout simplement, tandis que si on l’a liké, il devient clair qu’on a cliqué sur le petit cœur.
Là encore, le substantif aussi bien que le verbe sont entrés en français.
Hypertrucage
De plus en plus, il est difficile de faire la différence entre réalité et trucage. Il est maintenant aisé de copier une personne réelle et de lui faire dire toutes les conneries que l’on veut. En anglais, il est question de deepfake : hypertrucage. La traduction est ici très réussie.
Morale de cette histoire : avec un peu de volonté il est toujours possible de trouver une traduction, mais celle-ci n’est pas nécessairement inspirée et convaincante. Même avec toute la bonne volonté du monde, certains termes anglais s’immiscent dans notre langue, ce qui n’est pas nécessairement un mal.
Excellente revue!
Vous dites : « Même avec toute la bonne volonté du monde, certains termes anglais s’immiscent dans notre langue, ce qui n’est pas nécessairement un mal. »
D’abord, je m’étonne que vous attribuiez une volonté à certains termes anglais. Ensuite, j’ajouterais, à la fin de votre phrase : « , mais ce n’est certainement pas le cas pour ce qui concerne les termes présentés ci-dessus. »
Somme toute, si l’on peut admettre que certains emprunts peuvent paraître nécessaires, force est de constater que, dans la plupart des cas, ils constituent un mal, bien davantage qu’un bien.