Le subjonctif italien

L’apprentissage du subjonctif français est sûrement l’une des tâches les plus redoutables pour tous ceux qui apprennent notre langue. Je remarque que les anglophones essaient d’éviter son emploi en tournant la phrase autrement… En effet, le subjonctif ne pardonne pas : « Je veux que tu sais que je suis avec toi. » dirait notre collègue anglophone, avant de s’exprimer autrement.

Le subjonctif français comporte deux lames sur lesquels tous ceux qui apprennent notre langue peuvent s’embrocher :

  1. Décider s’il faut employer le subjonctif.
  2. Connaitre la bonne conjugaison.

Le cas de l’italien

Apprendre la langue de Dante est relativement facile pour un francophone. Bien des mots sont transparents et on peut intuitivement deviner comment on dit une chose dans beaucoup de cas. Bien sûr, ça ne fonctionne pas à tous les coups et, comme avec l’anglais, il y a des faux amis. Salire pour monter; fermare pour arrêter.

Les francophones qui s’attaquent au subjonctif italien comprennent très vite ce que peuvent éprouver anglophones ou germanophones qui apprennent le français. Il n’y a pas d’équivalence systématique entre le français et l’italien, bien que dans la plupart des cas la convergence soit au rendez-vous.

Des locutions comme benche, senza che, affinche, perche, prima che commandent le subjonctif comme leurs équivalents français bien que, sans que, afin que, pour que, avant que.

Des phrases exprimant le doute, le regret, la volonté ou la crainte exigent aussi le subjonctif dans les deux langues.

Je veux que tu viennes / voglio che tu venga (au lieu de vieni à l’indicatif).

Jusqu’ici, pas de problème.

Mais dans d’autres cas, le français semble baisser la garde et ne respecte plus la logique initiale du subjonctif. Considérons les cas suivants :

J’espère que tout va bien. -> Sprero che tutto vada bene.

Je crois qu’elle est malade. -> Penso che sia malata.

J’imagine qu’il a eu une panne. -> Immagino che abbia avuto un guasto.

Il me semble que ce n’est pas la bonne réponse. -> Mi sembre che non sia la risposta giusta.

Il me dit qu’il est amoureux. Mi dice che sia amoroso.

La dernière phrase a été captée par hasard dans les rues de Rome. La jeune femme qui parlait à une amie exprimait un doute sur les intentions réelles de son copain. Logiquement, elle recourt au subjonctif, alors qu’une Française se sert de l’indicatif.

Comme on le voit, l’italien est à la fois plus logique et plus systématique dans l’emploi du subjonctif. Le francophone qui apprend l’italien a donc une toute petite idée des affres que subissent les anglophones qui décident d’apprendre la langue de Molière. Employer le subjonctif ou ne pas l’employer, voilà la question.

3 réflexions sur « Le subjonctif italien »

  1. Idem avec l’espagnol, maître, lequel conjugue encore le subjonctif jusqu’à son plus-que-parfait comme on devait dûment le faire, j’imagine, en France, jadis : « Si no hubiera descubierto este sitio web… »
    Cela traduit l’appauvr… pardon, la salutaire modernisation de notre langue, qui est d’ailleurs en train d’oublier le passé simple au profit du seul passé composé, vous avez remarqué ?

  2. Par contre (en revanche ?), le français a-t-il forcément tort face au subjonctif italien dans « Sprero che tutto vada bene » ?
    « J’espère que tout va bien » au moment même où je l’espère (supposition plus que volonté, doute, regret ou crainte)
    mais « j’espère que tout ira bien » ou « je souhaite que tout aille bien » dans le futur,
    et « je redoute que tout n’aille pas bien » en ce moment même ou à l’avenir.
    Non ?

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