Iel

Le pronom iel vient de faire son apparition dans le Robert en ligne, ce qui a suscité immédiatement une tempête dans les médias sociaux et ailleurs, on s’en doute. Apparemment, ce n’est pas la veille que il et elle seront remplacés par un pronom neutre.

Dans mon ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français, j’observais une certaine réserve vis-à-vis ce genre de néologisme, parce que iel et autres ceuses sont justement de nouveaux mots très peu répandus et qui sont loin de faire l’unanimité.

La position du Robert est éclairante : le dictionnaire considère que iel s’est multiplié de manière importante au cours des derniers mois dans un grand nombre de publications pour gagner le droit de figurer dans le corpus de l’ouvrage en ligne.

Ce n’est pas la position défendue par le Larousse, qui, par la voix de son lexicographe, Bernard Cequiglini, estime que le terme litigieux est présent surtout dans des textes de militants, ce qui, d’après lui, ne justifie pas son acceptation. Il faut, dit-il, que le mot soit entré dans la langue courante.

Autre problème : le mot iel exprime une volonté de neutralisation de la langue, ce qui a des conséquences graves. En effet, si on neutralise les pronoms, il faudra bien neutraliser aussi les adjectifs, les accords de verbes. Comme l’affirme Bernard Cequiglini, ce n’est pas rien.

La question de iel n’est pas banale : elle interpelle toute la langue française. J’avoue bien humblement ma perplexité, moi qui milite en faveur de changements importants à notre langue, mais tout en respectant la plus grande partie de ses traditions.

Il faut toutefois garder en tête que les formes féminines proposées au Québec ont suscité de vives critiques, en Europe, certains les voyant comme une pure hérésie. Mais elles ont finalement pénétré l’usage et certaines citadelles du conservatisme ont dû baisser pavillon. On peut aussi observer que les points médians – eux aussi controversés – se voient plus fréquemment, afin de rendre les accords de verbes et d’adjectifs plus inclusifs.

Alors?

Eh bien le débat continue.

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