Lorsqu’une personne est dans une situation difficile, on dit souvent qu’elle doit faire face à la musique. Quand on y pense bien, cette expression est quelque peu absurde et, par-dessus le marché, elle vient de l’anglais, autre raison de s’en méfier. Avez-vous déjà fait face à la musique, au sens propre?
Pourtant, le climat canadien devrait mieux nous inspirer : affronter la tempête est à mon sens beaucoup plus expressif. Relever la tête serait également une solution intéressante, de même qu’affronter la réalité, prendre ses responsabilités, selon le contexte, évidemment.
La première ministre Marois, dans un récent voyage à Paris, disait que les propos de son homologue français étaient de la musique à ses oreilles. Music to my ears, aurait-elle pu dire, pour exhiber le peu d’anglais qu’elle possède.
Cette faute est un parfait exemple de la pénétration de l’anglais au Québec chez les personnes qui ne le parlent pas. Ici, c’est la syntaxe qui est attaquée, phénomène beaucoup plus grave que les anglicismes bruts que l’on peut entendre tant ici que de l’autre côté de l’Atlantique.
Le français, langue analytique, recourt beaucoup moins aux images que l’anglais. Mme Marois aurait tout simplement pu dire qu’elle était ravie d’entendre les propos de Jean-Marc Ayrault
Pour ma part, l’expression « faire face à la musique » me fait penser au chef d’orchestre qui peut se tourner vers ses musiciens ou vers le public. Soit, il prend ses responsabilités et dirigent son orchestre, soit, il s’intéresse au public et recherche les applaudissements.
On voit bien des dirigeants d’entreprise qui se préoccupent surtout de leur image sans diriger les membres de leur organisation. Un orchestre composé des meilleurs musiciens du monde ne peut produire une pièce de grande virtuosité qu’en ayant un chef qui lui fait face.