Chère voisine et Louise est de retour, de Chrystine Brouillet
Qui dit polar au Québec dit Chrystine Brouillet. Une plume simple et directe comme un coup de poignard, des récits savamment enchevêtrés. Pas étonnant que plusieurs de ses œuvres aient été portées à l’écran.
Son premier roman est Chère voisine publié en 1982, C’était donc bien avant Maud Graham, son héroïne fétiche.
Louise est une solitaire quelque peu misanthrope. Elle adore ses chats, son appartement et ne déroge pas de ses habitudes. Et c’est précisément une série de meurtres crapuleux dans son quartier qui la forcera à intervenir. Se faire justice en écartant de son chemin tous ceux qui menacent sa tranquillité ne lui pose aucun problème…
La suite de ce premier roman est venue une trentaine d’années plus tard. Dans Louise est de retour, la meurtrière sans scrupule doit à nouveau se démener, cette fois-ci pour empêcher la vente de l’immeuble où elle a élu domicile. Encore une fois, Louise n’hésitera pas à frapper, mais, cette fois-ci, les conséquences viendront mettre en péril sa couverture.
Les amateurs de polars verront une similitude évidente entre ces deux livres de Chrystine Brouillet et la série de Mr. Ripley, de Patricia Highsmith. Certains songeront même à Dexter, cet inquiétant psychopathe que nous a fait connaître la télé américaine.
Le détective de Freud, de Olivier Barde de Capuçon
Le roman était prometteur pour tout adepte de la psychanalyse et de romans policiers. L’auteur s’amuse visiblement beaucoup à créer des dialogues entre Freud et Jung, tout cela avec toile de fond une enquête sur le meurtre d’un psychanalyste.
Le roman, du moins tout au début, fascine. Le psychanalyste affecté à l’enquête par Freud rencontre des suspects ayant chacun leur petit drame personnel. Un fétichiste, une dame qui a peur des loups… et une mystérieuse Dame en Vert, péripatéticienne de son métier, qui semble vouloir tirer les ficelles. Les échanges, avec un détective au nom évocateur de Max Engels amusent, tout comme les interprétations qui fusent tout au long de la narration.
L’histoire finit par s’étirer quelque peu, même si les personnages ne manquent pas de couleur. Leur lecteur tentera de dénouer l’écheveau de l’intrigue, mais devra se montrer patient avant le dénouement. Celui-ci survient de manière quelque peu précipitée, et on peut se demander comment l’enquêteur a pu en venir à toutes ces conclusions, en ayant si peu d’indices.
On savourera ce polar inusité surtout pour l’atmosphère de début de siècle qu’il distille, mais les amateurs de polars qui ne se laisseront pas facilement griser seront peut-être quelque peu déçus.
Agatha Christie
Cette auteure n’a plus besoin de présentation. Ses romans où l’on boit le thé dans le jardin tout en s’entretuant poliment ont fait le tour de la Terre. Ses deux personnes emblématiques, Hercule Poirot et Miss Marple, ont connu plusieurs incarnations à l’écran.
Les romans d’Agatha Christie semblent tous sortir du même moule ; les suspects abondent, tout comme les fausses pistes. Mais le héros finit toujours par dénouer l’intrigue. Les titres originaux qui échappent en partie à cette structure sont Le meurtre de Roger Ackroyd, La mystérieuse affaire de Styles, Le crime de l’Orient Express. Le plus remarquable, à mon avis, demeure Les dix petits nègres, rebaptisé Ils étaient dix.
Le crime de l’Orient Express, d’Agatha Christie
Un grand classique qui a inspiré le cinéma. un peu dans la même veine que Ils étaient dix : une histoire de meurtre commis en vase clos, celui des passagers de l’Orient-Express, immobilisé par une tempête de neige. Un environnement familier pour les lecteurs québécois…
La solution ne manque pas d’étonner… même le redoutable Hercule Poirot qui, pourtant, en a vu d’autres.
Sherlock Holmes, d’Arthur Conan Doyle
Le plus célèbre détective privé de la littérature, le personnage a été brillamment interprété par Jeremy Brett dans les années 1980. Brett ÉTAIT Sherlock Holmes. Mais il faut lire l’œuvre originale pour en apprécier toute la richesse, particulièrement Le chien des Baskerville. À mon avis le meilleur Sherlock Holmes. Cette fois-ci il s’agit d’un roman et non d’une nouvelle. Le génie du détective sera mis à rude épreuve pour dénouer cette intrigue surprenante.
Gone Girl, de Gillian Flynn
Un excellent thriller écrit de main de maître. Le jour du cinquième anniversaire de mariage d’un jeune couple, l’épouse disparaît. Le mari trouve des traces de lutte dans le salon et tout laisse croire que la jeune fille a été enlevée. L’alerte est donnée et la police enquête. Tout semblait bien aller dans le couple, qui venait de déménager de New York à Carthage, petit bled dans le fin fond du Missouri. Peu à peu, l’auteur nous révèle la nature véritable de la relation, couche par couche… Bientôt, le mari éploré est soupçonné de meurtre et un piège diabolique semble se refermer sur lui… Passionnant jusqu’à la dernière page.
Les promises, de Jean-Christophe Grangé
Aimez-vous Philip Kerr? Ses intrigues campées à l’époque du régime nazi vous ont amusé? Alors vous adorerez Jean-Christophe Grangé.
Son roman Les Promises est un thriller que l’on dévore. Un tueur en série assassine les épouses de dignitaires nazis en les dépeçant à la manière de Jack l’Éventreur… Un dur de dur sans pitié de la Gestapo, Franz Beewen, est chargé de l’enquête et les soupçons se portent rapidement sur… la Gestapo elle-même, qui souhaite découvrir le coupable et enterrer l’affaire. Ses supérieurs lui mettent le plus souvent des bâtons dans les roues.
Beewen fera équipe avec un psychiatre gigolo, Simon Kraus, qui fraie gaiement avec des jolies femmes du Berlin chic, tout en faisant chanter ses patientes, dont il enregistre les confidences! Pour compléter le trio, une baronne richissime et débrouillarde… quand elle n’est pas complètement saoule… Elle fera avancer l’enquête avec audace, quitte à frôler la mort.
Mené à un rythme d’enfer, le récit multiplie les pistes de toutes sortes avant d’aboutir à une conclusion surprenante.
L’inconnu du Nord-Express, de Patricia Highsmith
Un classique de la littérature policière dont Hitchcock a fait un film. Deux inconnus se rencontrent dans un train et découvrent qu’ils ont tous les deux intérêt à tuer une personne de leur entourage. Et si on échangeait nos meurtres? Impossible de figurer sur la liste des suspects puisque le coupable ne connait pas sa victime… Diabolique et délicieux.
Mr. Ripley, de Patricia Highsmith
Encore plus diabolique que L’inconnu du Nord-Express. Ripley de ramener à la maison le fils d’un richissime Américain parti en Italie, Ripley conçoit le plan ingénieux de l’assassiner et de vivre une vie de pacha à sa place. Bien entendu, les choses se compliquent et l’étau se resserre autour du meurtrier. Va-t-il s’en sortir?
À sa publication, ce roman allait susciter le scandale et constituer le premier tome des aventures de Thomas Ripley.
La Femme en vert, d’Arnaldur Indridason
Un enfant retrouve un squelette dans les hauteurs de Reykjavik et l’enquête montre qu’il s’y trouvait depuis un demi-siècle. Le commissaire Erlandur doit remonter dans le temps et dénouer une intrigue de violence conjugale. Un roman bien mené dans lequel le commissaire suit un fil d’Ariane qui le mène lentement à la vérité.
Les nuits de Reykjavik, d’Analdur Indridason
Indridason est un auteur clé dans la lueur spectrale et boréale des polars scandinaves. Les enquêtes de l’inspecteur Erlendur sont toujours captivantes. SI vous ne devez lire qu’un seul livre de lui, c’est La Voix. Exceptionnel et original.
Contrairement à d’autres auteurs scandinaves, les romans d’Indridason ne sont pas des briques interminables. Ceux qui connaissent l’inspecteur Erlendur (c’est son prénom) apprécieront Les Nuits de Reykjavik, qui raconte les débuts du personnage principal, alors qu’il patrouillait les rues de la capitale, la nuit.
Un portrait amusant de la faune qui y sévit. L’intrigue tourne autour d’un clochard mystérieusement assassiné. Erlendur s’était attaché à lui et cherche le fin mot de l’énigme. La vérité insoupçonnable apparait peu à peu…
La Voix, d’Arnaldur Indridason
L’Islandais Indridason est l’auteur de polars scandinaves le plus captivant que je connaisse. Ses romans, d’une longueur raisonnable, se lisent d’un trait. L’intrigue est toujours bien bâtie, pas un mot, pas un passage de trop. La Voix est un livre particulièrement original : un père Noël assassiné dans un hôtel et un mystérieux suspect. L’inspecteur Erlandur, tourmenté par la mort de son jeune frère, mène l’enquête rondement et décide d’habiter l’hôtel pour retracer cette mystérieuse voix qui semble au cœur de l’affaire.
L’été meurtrier, de Sébastien Japrisot
Une très belle histoire de vengeance concoctée par une jeune femme dont on a trop abusé. Terrible.
L’Hypnotiseur, de Lars Kepler
Je suis un fan des polars scandinaves. Mais ce livre décevant et invraisemblable ne va pas à la cheville des Mankel, Nesbø ou Indridasson. Vraiment pas. À lui, seul il condense certains défauts parfois observés dans ce type de littérature nordique, sans en avoir les qualités.
La trame, étalée sur plus de 500 pages, est interminable, ponctuée d’un long détour au milieu du récit. Détour expliquant les réticences de l’Hypnotiseur à exercer son art. Cette précision utile aurait pu être condensée en une dizaine de pages. On pourrait dire la même chose pour l’ensemble du récit, languissant.
L’intrigue était pourtant prometteuse : hypnotiser un témoin important, blessé, dans une affaire de meurtre. Le récit s’embourbe vite dans les péripéties amoureuses de l’hypnotiseur, tandis qu’un policier plutôt mal défini mène l’enquête à pas de tortue.
Le livre prend l’allure d’un thriller qui met à rude épreuve la patience du lecteur. Le dénouement, dramatique, est échevelé et invraisemblable.
À fuir.
La trilogie berlinoise, de Philip Kerr
Un séduisant mélange de polar à l’américaine et de roman historique. Le détective privé Bernhard Gunther mène des enquêtes délicates dans l’univers trouble du nazisme. Il y côtoie des crapules en tout genre, notamment des bonzes du Parti nazi, comme le sympathique Hermann Goering, pour lequel il ira croupir dans un camp de concentration pour retracer un criminel… Les personnages sont truculents, à commencer par le détective lui-même, dont les répliques acidulées nous arrachent un sourire. Il est toutefois peu réaliste que tous les personnages aient exactement ce trait de caractère… Mais on saura pardonner ce péché mignon à Kerr. À lire cet été.
La paix des dupes, de Philip Kerr
Ceux qui ont été envoûtés par la Trilogie berlinoise seront très déçus. Kerr a perdu sa touche dans ce roman d’espionnage, dont les figures de proue paraissent bien fades, si on les compare à Bernie Gunther. Un germaniste bizarrement embauché par Roosevelt pour l’assister à la conférence de Téhéran, et un officier de l’armée allemande.
L’idée de départ est accrocheuse : un complot se trame en vue d’assassiner Staline, Roosevelt et Churchill qui doivent se rencontrer à Téhéran. Par ailleurs, on apprend aussi que des tractations secrètes se déroulent pour signer la paix… entre l’Allemagne et les États-Unis… ou la Russie. Cette hypothèse ne tient pas la route, pourtant elle servira de pivot à toute l’intrigue.
La rencontre entre Hitler, Staline et Roosevelt, à la fin du livre relève du plus pur délire.
L’auteur encombre l’histoire d’une pléthore de personnages secondaires que l’on a du mal à suivre. Le récit s’étire dans un méli-mélo de développements peu intéressants. L’action est distillée au compte-goutte tout au long de cette interminable brique de 660 pages. Un ratage complet.
Millenium IV, de David Lagercrantz
La suite tant attendue de l’original écrit par Stieg Larsson. La commande était lourde pour le successeur de Larsson et Lagercranz s’en est bien tiré. Son roman est enlevant dès le début. Un informaticien en train de mettre au point un modèle avancé d’intelligence artificiel est assassiné. Mikael Blomkvist y est mêlé par inadvertance.
Bientôt, le drame prend de l’ampleur et le lecteur est entraîné dans une histoire complexe de piratage informatique, dans laquelle est impliquée… Lisbeth Salander.
La jeune amazone n’a rien perdu de ses moyens et elle tient tête à de puissantes entreprises véreuses qui veulent la sienne!
Le récit est palpitant. Les puristes regretteront peut-être le défunt Larsson, mais personnellement, je considère que ce livre a tenu ses promesses.
Arsène Lupin, de Maurice Leblanc
Ce grand classique de la littérature policière française a a eu une cure de Jouvence grâce à la série éponyme qui en a bien capturé l’essence. Le gentleman-cambrioleur frime un peu tout le monde, dénoue les intrigues les plus compliquées et trouve le moyen de s’en tirer. Les titres les plus marquants de la série sont : 813, L’aiguille creuse, Les dents du tigre, La comtesse de Cagliostro.
Millenium, de Stieg Larsson
Cette trilogie a remporté un succès mondial, malheureusement interrompu par la mort prématurée de l’auteur, fauché par une crise cardiaque.
Le journaliste Mikael Blomkvist se lance dans une enquête aux multiples méandres, épaulé par une marginale, Lisbeth Salander, dotée d’un talent très spécial en informatique. Une série prenante et originale, devenue une série de télévision.
La taupe, de John Le Carré
Une taupe s’est infiltrée dans le Cirque, les services secrets britanniques et George Smiley doit la démasquer. L’antithèse du roman d’espionnage classique. L’histoire évolue avec lenteur, les conversations se multiplient, les informations apparaissent au compte-goutte. Le Carré, lui-même un ancien espion, rend fidèlement l’atmosphère feutrée et quelque peu étouffante des services secrets. Ici, pas de poursuites en auto ni de coup de feu. Juste la réalité.
Mort à la Fenice, de Donna Leon
Les amants de l’Italie, et de Venise en particulier, adoreront ce livre. Un chef d’orchestre est mystérieusement assassiné durant un concert. Comme il était peu aimé et s’était fait quelques ennemis en cours de route, les suspects abondent. Ce n’est pas tant l’intrigue somme toute conventionnelle qui séduira, mais plutôt le portrait contrasté des mœurs italiennes que livre l’auteur, qui vit depuis un quart de siècle dans la Sérénissime
Comment rénover un appartement en toute illégalité en faisant percer des verrières dans un palazzo classé monument historique… La hiérarchie scrupuleusement respectée dans la police italienne, avec son lots d’incompétents aux échelons supérieurs. Les rapports entre les recrues et les agents chevronnés. Sans oublier la femme de l’inspecteur qui triche au Monopoly, tandis que son mari s’arrange pour faire gagner son fils adolescent qui ne supporte pas la défaite…
Il s’agit du premier roman mettant en scène l’inspecteur Guido Brunetti, honnête père de famille, bien au fait des travers de la société italienne. Un personnage attachant qui sait manipuler les témoins pour leur soutirer des confidences éclairantes, tout au long de ses promenades le long des canaux.
Le mystère de la chambre jaune, de Gaston Leroux
Un polar délicieusement désuet mains néanmoins efficace dans lequel le détective Rouletabille (quel nom!) est appelé à résoudre une énigme apparemment insoluble : comment est-on parvenu à commettre un meurtre dans une chambre close?
Un bel exercice pour les méninges.
Les chiens de Riga, de Henning Mankell
Une aventure atypique de l’inspecteur Wallander qui joue les espions en Lettonie, un pays dont il ne maîtrise pas la langue et où il perd presque tous ses moyens. Deux cadavres dans un canot qui s’échoue sur les côtes suédoises. Wallander qui doit poursuivre l’enquête dans un pays communiste en pleine déliquescence, un Wallander tourmenté par ses démons personnels, qui s’interroge sur le sens de sa vie. Deuxième roman mettant en vedette le célèbre inspecteur, à qui l’auteur donne plus de substance.
La muraille invisible, de Henning Mankell
L’une des raisons qui me fait apprécier l’œuvre de Mankell est la profondeur des personnages. L’inspecteur Wallander est un homme tourmenté, aux prises avec ses démons personnels, une fille toxicomane… Ses collègues ont chacun leur petite croix à porter, par exemple Anna-Britt, une mère de famille qui essaie de concilier le travail et la vie familiale. Dans un des livres, on découvrira le passé trouble d’un des collègues de Wallander, assassiné, et homosexuel discret de longue date. Les romans du Suédois sont en même temps une réflexion sur le travail de la police et sur la société suédoise en général.
La Muraille invisible présente une intrigue aussi palpitante que mystérieuse qui commence par la mort subite d’un informaticien devant un guichet automatique. Deux adolescentes qui tuent un chauffeur de taxi et l’une d’entre elles qui finit calcinée sur des câbles à haute tension. Tout cela semble décousu, et pourtant une terrible menace semble planer sur la ville, mais laquelle?
La femme de ménage, de Freida McFadden
J’ai rarement lu une histoire policière aussi brillamment ficelée. Pas de remplissage avec des péripéties secondaires, pas un mot de trop. L’autrice est médecin et elle opère la littérature avec une précision chirurgicale.
L’intrigue qu’elle débobine ensorcelle le lecteur qui en demande plus… il se laisse gentiment mener par un récit très prenant, mais dont les ficelles machiavéliques se révèlent brusquement à la moitié du livre. Et encore, la fin nous réserve toute une surprise.
McFadden nous assène une suite, Les secrets de la femme de ménage, qui se révèle tout aussi brillante. À lire absolument.
Petits secrets, grands mensonges, de Liane Moriarty
Dans le petit village de Monterrey en Californie tout le monde se connait. Ou croit se connaitre, car les divers personnages ont tous leurs petits secrets, qui, tout au long du récit, sont révélés au compte-goutte. L’ennui étant qu’un meurtre est venu perturber la petite vie tranquille du village et que tout le monde a son idée sur l’identité du coupable.
Écrit à la manière d’Agathe Christie, ce récit se développe longuement au fil des conversations qui nous révèlent des éléments de l’intrigue, sans que le lecteur soit informé de l’identité de la victime… Ce roman malgré tout original est devenu une série de télévision qui a connu un grand succès.
Le bonhomme de neige, de Joe Nesbø
Probablement le meilleur livre de l’auteur. Un mystérieux bonhomme de neige apparaît dans la cour de pauvres femmes qui sont assassinées dans les jours qui suivent. Elles n’ont pas toutes la conscience tranquille, mais le lien qui les unit est ténu. Les pistes sont multiples et certaines mènent l’inspecteur alcoolique Harry Nole à des impasses. Ce captivant polar se dévore au coin du feu en regardant la neige tomber doucement…
Rouge-gorge, de Joe Nesbø
Nesbø a l’habitude de démarrer sur les chapeaux de roue, mais pas cette fois-ci.
On finit par s’habituer à ces aller-retour dans le passé et le présent, mais l’intrigue met du temps à prendre forme. Des néo-nazi préparent un sale coup, mais on ignore lequel. Harry Hole suit des pistes ténues. Une belle incursion dans le monde de l’extrême droite.
Mais, comme c’est toujours le cas, Nesbø finit par nous entraîner dans les méandres de son récit; nous tournons les pages de plus en plus vite….
Piégée, de Lilja Sigurdardottir
Un polar scandinave pur jus. Captivant, haletant du début à la fin.
Sonja a été piégée par des trafiquants de drogues et doit servir de mule pour faire passer de la cocaïne en Islande. Elle est futée et connait tous les trucs pour déjouer les douaniers. Du moins jusqu’à ce que l’un d’entre eux remarque son manège : une mécanique trop bien huilée pour paraître normale. Il commence à l’observer et la démasque… Mais l’histoire n’est pas finie, elle ne fait que commencer.
La suite, Le Filet, place l,héroïne dans une situation impossible et on meurt d’impatience de lire le troisième tome… et là, déception. La cage règle en deux temps trois mouvements l’intrigue si brillamment amorcée et recentre le tout sur un personnage secondaire dont on nous invite à suivre les déboires. Très décevant.
On n’a pas toujours du caviar, de Johannes Mario Simmel
Un roman policier original, primesautier, parsemé de recettes de toutes sortes. La première phrase du pavé est symbolique : « Nous autres Allemands, ma chère Kitty, sommes capables de faire un miracle économique, mais non pas de la salade. » Une citation qui annonce la couleur… Si vous cherchez une recette de jambon mariné au vin rouge, vous la trouverez dans le roman…
Thomas Lieven est un héros pacifiste qui adore cuisiner. Banquier à Londres, il parle couramment l’anglais et le français. Venu à Paris pour le compte de son associé, il tombe dans un traquenard et se trouve soudain dans la position impossible d’être recruté tour à tour par les services secrets de sa Gracieuse Majesté, par l’Abwehr de l’Amiral Canaris, par le Service de Renseignement français de la résistance, par le FBI et même par les Russes pendant la Guerre froide. Bien entendu, il est recherché à la fois par tous ces services qui le considèrent comme un agent ennemi. Absolument divertissant.
Georges Simenon : la série du commissaire Maigret
Un monument. Le Balzac du vingtième siècle, disent certains. Des histoires simples qui tiennent en moins de 200 pages; des histoires qui mettent en vedette les gens les plus ordinaires qui soient, pris dans des situations compliquées; ils réagissent de toutes les manières, même les plus illogiques.
Voilà la trame des enquêtes de Maigret, appelé à enquêter. Le bonhomme vit dans un appartement du boulevard Richard-Lenoir, sa femme est un cordon bleu qui lui cuisine des petits plats, comme la blanquette de veau… lorsqu’il rentre souper. Le commissaire ne dédaigne pas s’arrêter au bistrot pendant son travail pour déguster une fine ou encore une bière bien fraîche. Mais sa marque de commerce est la pipe qu’il fume tout au long de ses enquêtes.
Maigret est davantage un psychologue qu’un flic. Il lit dans les âmes des coupables comme dans celles des suspects et c’est cette clairvoyance qui lui permet d’élucider les énigmes auxquelles il est confronté.
Le dernier Lapon, d’Olivier Truc
Un roman prometteur, rempli de qualités documentaires, mais qui finit par décevoir.
La Laponie, cette contrée qui chevauche la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, est celle des Lapons. Cette population élève les rennes, les chasse pour les manger et se vêtir. Les rapports avec les gens du sud sont difficiles et compliqués. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle des autochtones du Canada.
L’auteur français Olivier Truc connait la région comme le fond de sa poche et il décrit de manière détaillée les conditions de vie insupportables du grand nord, avec son ensoleillement rétréci à l’extrême, son froid impitoyable. Ces descriptions sont à mon avis les points forts du livre.
L’auteur tisse une histoire autour d’une policière suédoise quelque peu candide venant du sud qui enquête sur un meurtre avec un collègue sami. Un éleveur de rennes, Mattis, vient d’être assassiné et, chose inusitée, ses oreilles ont été tranchées, comme s’il était un renne. En outre, un tambour de chaman a été volé et il pourrait livrer la clé de tout le mystère. Un policier véreux et un explorateur français sans scrupule partent à la conquête d’une mine perdue qui pourrait assurer leur fortune.
L’auteur nous fait traverser la steppe glacée d’un récit trop long, dilué, dont le dénouement est quelque peu déroutant. Certains apprécieront cet opus, qui a d’ailleurs remporté des prix, mais d’autres risquent de se lasser à mi-parcours.
L’auteur français ne cesse de parler des « scooters des neiges » pour désigner une invention québécoise qui s’appelle MOTONEIGE. Ce dernier mot est utilisé deux fois dans tout le roman…. Cette appropriation du nom d’un véhicule québécois, inusité en France, est un irritant majeur.

