Le mot est sulfureux et suscite la controverse. Je me contenterai d’en faire l’analyse linguistique.
Le dictionnaire en ligne Collins le définit ainsi : « Someone who is woke is very aware of social and political unfairness. » Le Robert me parait plus précis « Qui est conscient et offensé des injustices et des discriminations subies par les minorités et se mobilise pour les combattre, parfois de manière intransigeante. »
Le mot dérive du verbe wake qui signifie s’éveiller. Les wokes prétendent posséder un degré de conscience supérieur à celui de la population; ils sont donc éveillés. Le prétérit de wake est woke et le passé composé est woken, comme dans « He has woken up early. »
On voit tout de suite que c’est le prétérit woke qui a généré un nouveau substantif, et non pas l’infinitif, ce qui est assez surprenant. Mais les langues n’empruntent pas toujours des chemins très logiques.
Amusant aussi de voir le sort réservé au passé composé woken, qui s’emploie régulièrement… contrairement à awoken, considéré comme dépassé. On dira plutôt qu’une personne est awake, de sorte que l’infinitif s’est transformé en adjectif ou en une nouvelle forme de participe passé. Tout le monde est bien éveillé?
On devrait lire «early», et il manque quelques espaces après les mots en gras et italique.
Comme adjectif, «woke» peut être traduit par «conscientisé» ou «éveillé»; ça passe plutôt bien à mon sens. Le nom me semble moins évident à rendre. «Woke politics», ce n’est pas la politique éveillée. Je pense qu’il faut faire une périphrase adaptée au contexte. Dans un texte, on pourrait notamment évoquer la gauche militante.