Comme Hemingway, j’aime bien déguster un verre de whisky en écrivant. C’est grisant, non pas parce que je me prends pour le grand écrivain américain, mais parce que le divin breuvage rompt toutes les entraves de ma créativité.
En tant qu’écrivain en devenir, j’aime bien me laisser bercer par la douce euphorie de la boisson ambrée. Mes personnages déclament, ma plume s’envole…
Hemingway calait sa bouteille en écrivant ses articles, mais pas moi. Il y a une nuance entre douce euphorie et soulographie, comme disait Balzac. Pourtant, les modèles ne manquent pas. Pensons à Churchill, qui en buvait une en écrivant ses discours du lendemain… Il a gagné le Nobel de littérature, mais je ne suis pas certain de le suivre sur ce chemin.
L’auteur que je suis aime bien enfiler des défroques peut-être trop grandes pour lui, finalement. Je suis sûr que, perchés sur leur nuage, Winston et Ernest me regardent d’un air attendri.
Un écrivain est comme un comédien : il aime se perdre dans certains rôles, en attendant le jour béni de la publication. Parfois, je m’amuse à personnifier Hemingway. D’autres jours, je me rends dans un café populaire d’Ottawa et, coiffé de ma casquette de baseball, pour faire oublier ma calvitie, je déploie mon Mac sur la table, comme un albatros. Je sirote un latte, je compose. Perdu au milieu des étudiants d’université, je m’imagine avoir encore vingt ans.
La magie d’écrire.
C’est vrai qu’un écrivain est comme un comédien. Sans cela, je pense que ses œuvres ne connaîtront aucun succès. Là, il s’immerge dans son livre, dans ses personnages. Quant au breuvage, je pense que tout le monde en a besoin pour se détendre. Quand on bois, on se sent libre, on peut faire tout ce qu’on veut.