Deuxième article d’une série sur le sport en français.
We are tennis. Telle est l’inscription inscrite au dos des t-shirts que portaient les chasseurs de balle au tournoi de Roland-Garros. Pourtant, le tennis, ce sont les Français qui en sont les inventeurs… d’une certaine manière.
Beaucoup de gens le savent déjà, le noble sport britannique tire son origine du jeu de paume français. Lorsqu’un joueur servait, il avertissait son adversaire ainsi : « Tenez. ». D’où la déformation anglaise de tennis. Fait amusant, le mot tennis est revenu par le rebond en français pour désigner un type de chaussure de sport…
Nous avons vu que le vocabulaire français du golf est presque entièrement anglicisé – du moins en Europe. Le tennis, qui nous vient pourtant des îles britanniques lui aussi, a moins subi l’influence de l’anglais. Peut-être à cause de ses origines françaises.
Le tennis se joue sur un court, que l’on prononce comme cour, mot français jadis écrit court.
L’un des joueurs envoie la balle à son ou ses adversaires. C’est que l’on appelle le service, qui, s’il tombe dans le carré de réception et n’est pas retourné s’appelle un ace. Le serveur dont le pied ou le corps dépasse la ligne de service commet une faute, que l’arbitre appelle fault. Si le serveur tire la balle dans le filet, on entendra let ou filet.
Si le serveur tire la balle deux fois de suite dans le filet, il perd le point. C’est ce que l’on appelle une double faute.
Le joueur à la réception peut le retourner d’un coup droit ou encore du revers s’il renvoie la balle sur le côté opposé duquel il tient la raquette. Celle-ci vient aussi du jeu de paume; elle date du XVIe siècle.
La façon originale de compter les points viendrait du nombre de pas que devait reculer l’un des joueurs à la réception du service : 15 tout d’abord, ensuite 30 et finalement 40.
D’ailleurs, le pointage 15 à zéro exprimé en anglais s’inspire lui aussi du français : Fifteen-love, le zéro ayant la forme de l’œuf, déformé dans la langue de Shakespeare : love.
En anglais…
Le tennis vit une histoire d’amour avec la langue anglaise. Si une partie du vocabulaire vient d’Angleterre, un faux anglicisme s’est faufilé… Il s’agit de tennisman, terme qui n’existe PAS en anglais. On dit plutôt tennis player. Un homme tennis est un non-sens en anglais.
Un terme qui revient souvent est passing shot, « Balle rapide en diagonale ou près d’un couloir, évitant un joueur placé pour faire une volée. », nous explique le Robert. La banque de terminologie du gouvernement du Canada, Termium, nous propose coup de débordement ou débordement tout court. J’ai déjà lu placement, qui me paraît plus intéressant. Mais passing, en abrégé, est passé dans l’usage.
Autre expression courante : le smash, un coup que l’on voit aussi au volleyball ou au ping-pong. Le joueur qui smashe écrase la balle pour tenter un coup imparable. Tout le contraire d’un amorti.
Un joueur qui envoie la balle en hauteur effectue un lob afin qu’elle passe par-dessus la tête de son adversaire. Si le joueur a lifté la balle, celle-ci rebondira davantage. On peut également slicer une balle, c’est-à-dire la couper, pour lui imprimer une rotation qui la fera courber.
Le pointage
Compter les points au tennis est assez complexe. Pour remporter un jeu, il faut gagner quatre points et en détenir au moins deux d’avance. Le joueur qui remporte six jeux gagne la manche, qu’on appelle aussi le set.
Jadis, les manches pouvaient s’éterniser lorsque aucun des deux joueurs ne parvenait à distancer son adversaire par deux jeux. On dispute alors un jeu décisif, appelé bris d’égalité au Canada. Malheureusement le terme tie-break semble s’être imposé en Europe.
Le compte des points change. Finis les 15, 30 et 40… Le premier joueur à marquer sept points remporte la manche, s’il a deux points d’avance. On peut aussi bien gagner à 7-2, qu’à 11-9 ou bien 15-13… Ce jeu décisif permettra à l’un des deux joueurs de d’emporter la manche avec la marque de sept à six.
Pour gagner une partie, il faut gagner deux manches. Dans les grands tournois, les hommes doivent en remporter trois. Les grands tournois? Ce sont ceux du Grand Chelem : les Internationaux de l’Australie, les Internationaux de France (Roland-Garros), les Internationaux de Wimbledon et les Internationaux des États-Unis.
Prochain article : le baseball en français.
Magnifique! Les commentateurs de Radio-Canada ont réussi à franciser les termes du hockey grace à René Lecavalier, Richard Garneau et Lionel Duval qui avaient un grand respect pour le français.
Si ce fut possible pour le hockey, ce doit l’être pour les autres sports.
Article très intéressant.
Concernant l’ace, j ai plus souvent entendu le terme « as » lors de mes visites au Québec.