Trouvez-vous le mot supporter (prononcé supportaire) insupportable?
Eh bien, vous devrez vous habituer, car il est déjà entré dans les mœurs sportives. À moins que vous ne préfériez être un fan, diminutif de fanatique, qui nous vient aussi de l’anglais. Bien entendu, les amateurs falots diront partisans, mais là, vraiment, vous êtes des tièdes.
En français, le verbe supporter a un sens bien délimité : « Soutenir quelque chose, lui servir d’appui, d’assise. » nous indique le Petit Larousse. Il peut aussi avoir le sens de « Subir quelque chose en y résistant, en y faisant face. »
Nulle part ne voit-on ce verbe décliné dans un contexte sportif. J’ai déjà parlé de ce phénomène des mots orphelins : substantif et verbe concomitant n’ont pas exactement le même sens : spécifier, spécifique.
Comme cela est souvent le cas, le support anglais possède un champ sémantique autrement plus vaste que notre timide supporter. Ainsi, les anglophones peuvent supporter une autre personne (l’appuyer); ils peuvent aussi supporter une entreprise, une cause, etc. Il est donc logique pour eux de supporter une équipe de hockey ou de football.
De là vient le substantif supporter, repris en français. Certains l’écrivent supporteur.
Toutefois, le français se permet quelques variations en puisant dans d’autres langues : aficionado, tifosi. Quand le fanatisme devient violent, on parle même de hooligans.
Le premier mot est un legs de l’espagnol; il désigne un amateur de course de taureaux. Mais son emploi est beaucoup plus généralisé dans notre langue. On peut parler des aficionados du cigare, du whisky, par exemple.
Quant à tifusi, il désigne les partisans italiens de football et de cyclisme.
Les hooligans, eux, constituent un public encore plus ciblé. On parle ici de jeunes partisans violents qui se déchaînent lors de manifestations sportives, par des actes de vandalisme. On se souvient des tragiques évènements survenus en Belgique, il y a une trentaine d’années.
Les incidents d’aujourd’hui à Paris, pendant la période sacrée de l’Euro, viennent nous rappeler que ces tristes individus sévissent toujours. Soit dit en passant, hooligan peut aussi s’écrire houligan, mais attention à votre dentition!
Le tandem supporter (verbe) et supporter (substantif), nous rappelle l’influence déterminante, voire envahissante, de l’anglais dans le vocabulaire des sports.