Sacquer

Les personnes en situation de traduction (!!!) pourraient tiquer en lisant ce qui suit : « La présidente d’un fonds d’investissement est saquée après avoir reconnu qu’elle détournait des sommes considérables pour payer sa résidence cossue à la Barbade. »

On croit voir un autre calque de l’anglais : to sack. Il y a plutôt fort à parier que c’est l’anglais qui, encore une fois, a pillé le français; on pourrait même parler du sac de notre langue par la perfide Albion.

Sacquer (ou saquer) c’est renvoyer sans ménagement une autre personne. Les motifs sont donc impérieux. On ne saurait confondre ce verbe avec congédier, nettement plus nuancé. En effet, congédier revient à indiquer à quelqu’un qu’il doit quitter son emploi.

Les raisons peuvent être multiples : baisse de la demande, surplus d’employés, restructuration, etc. Les personnes touchées ne sont pas vraiment responsables de leur départ, mais plutôt victimes des évènements.

Dans le monde du sport, on va congédier un entraineur, sans nécessairement le brutaliser ou le démolir sur la place publique. On invoquera souvent le désir d’adopter une autre orientation dans la gestion d’une équipe.

Sac

Les dissonances du français ne sont pas nouvelles. Le verbe saquer n’a rien à voir avec le terme sac, dans le sens de pillage. On peut par exemple évoquer le sac de Rome en 1527 sans pouvoir affirmer que la Ville éternelle a été saquée par les pillards. Elle a été pillée, mise à sac.

L’anglais est plus généreux. Le mot sack désigne aussi bien le renvoi d’une personne que le pillage d’une ville. Le verbe couvre également les deux définitions.

Limoger

Ce verbe se voit plus rarement, du moins au Canada.

Le verbe vient de la ville française de Limoges. Le général Joffre y plaça en résidence une centaine d’officiers qu’il jugeait incapables pendant la Grande Guerre. Le terme est resté.

Tout comme pour sacquer, il ne s’agit pas d’un simple congédiement. Limoger, c’est frapper une personne haut placée d’une mesure de disgrâce en la déplaçant ou en la destituant.

L’exemple du capitaine Alfred Dreyfuss est éclairant. Cet homme juif fut limogé après avoir été accusé en 1894 de haute trahison. L’affaire embrasera la France et ouvrira les vannes d’un antisémitisme débridé.  

Difficile dans ce contexte de parler d’un simple renvoi ou congédiement.

2 réflexions sur « Sacquer »

  1. Saquer veut aussi dire supporter.
    Ne pas pouvoir saquer quelqu’un ou quelque chose, c’est ne pas pouvoir le supporter, le détester.
    Saquer dans le sens de congédier n’est pas forcément un anglicisme. Il vient du latin ou de l’ancien français et peut signifier être prié de prendre son sac et de s’en aller.

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