Le mot priorité est particulièrement galvaudé et malmené dans l’usage populaire et journalistique. Il n’est pas rare que l’on parle de priorité absolue, de première priorité.
C’est bien méconnaitre le sens réel du mot en question. Le Larousse :
Fait pour quelque chose d’être considéré comme plus important que quelque chose d’autre, de passer avant toute autre chose
Les deux expressions précitées sont par conséquent des pléonasmes.
Dans cas, est-il possible d’avoir plusieurs priorités? De prime abord, on serait tenté de dire non, si l’on se réfère à la définition du Larousse qui, d’ailleurs, va dans le sens des autres ouvrages consultés.
Pourtant, le Dictionnaire de l’Académie française donne l’exemple suivant : « La rénovation urbaine se développe et le logement des rapatriés apparaît parmi les priorités. »
Il est donc concevable qu’une organisation, par exemple, ait plusieurs priorités. Je dis bien plusieurs au sens propre, donc quelques-unes. On est donc loin d’un texte ministériel délirant, que j’avais eu à traduire, dressant la liste de 60 priorités, divisées en… sous-priorités!
Donc, un gouvernement pourrait avoir un certain nombre de priorités, mais certainement pas une douzaine. À mon sens, au-delà de trois ou quatre on a des objectifs, pas des priorités.
Si je suis d’accord avec le fait qu’on ne peut pas avoir 10 priorités (à ce stade, ce sont des objectifs), je trouve concevable qu’on puisse en avoir deux ou trois, auquel cas, il n’est pas impensable qu’une de ces priorité soit la priorité des priorités, la première priorité (par ordre chronologique, d’importance, etc.) ou la grande priorité.
Un autre sévice imposé au mot priorité me fait bondir chaque fois que je l’entends, notamment chez certains journalistes de RDS la confusion entre priorité et avance. Un sportif a une avance de x secondes sur son concurrent, mais en aucun cas une priorité de x secondes sur lui.
J’imagine que la qualité de la langue n’est pas leur priorité.
(merci de comprendre qu’il manque un deux-points après RDS)