Les règles de typographie sont légèrement différentes selon que l’on écrit en Amérique du Nord ou en Europe. Un exemple à deux volets :
L’important n’est pas de gagner, nous dit-on; l’important est de participer! Ai-je bien compris?
L’important n’est pas de gagner, nous dit-on ; l’important est de participer ! Ai-je bien compris ?
Deux phrases qui disent la même chose, mais d’allure légèrement différente. La première est ponctuée à la canadienne, si je puis dire, tandis que la seconde reprend les règles de ponctuations qui ont cours en Europe.
Alors qui a raison ? Un peut tout le monde, en fait. En imprimerie, certains signes de ponctuation comme les deux points, le point-virgule, le point d’exclamation et le point d’interrogation sont écrits avec une espace[1], ce qui permet de mieux les détacher du mot précédent.
Comme le signale la Vitrine linguistique de l’Office québécois de la langue française :
L’espace fine est une espace insécable réduite utilisée en typographie soignée devant le point d’interrogation, le point d’exclamation, le point-virgule et les appels de note.
Cette espace n’est généralement pas disponible dans les logiciels courants de traitement de texte.
On lira l’article complet ici.
En Europe
Les Européens qui lisent mes billets ont sûrement remarqué l’absence d’espace entre les signes susmentionnés et le mot qui précède. C’est ainsi que l’on tape au Québec et au Canada français.
Il faut préciser que l’espace fine et insécable n’existe pas sur les claviers d’ordinateur. Une combinaison de touches permet d’insérer l’espace insécable, mais le résultat est le même que si l’on insérait une espace pleine, comme on peut le voir ci-dessous :
C’est final ! Je pars ! Vous êtes d’accord ? – En changeant le clavier canadien pour le clavier suisse.
C’est final ! Je pars ! Vous êtes d’accord ? – En utilisant le raccourci clavier suggéré par Word.
À la composition, toutefois, un éditeur introduira cette espace insécable, de sorte que les ouvrages publiés en France, en Belgique et au Québec observeront des règles identiques de présentation.
Personnellement…
Je dois avouer un certain malaise ne pas mettre d’espace avant le point d’exclamation et le point d’interrogation.
Je reprends mon exemple :
C’est final! Je pars! Vous êtes d’accord?
On étouffe…
Par ailleurs, je suis toujours étonné de voir le point-virgule séparé du mot précédent, tel un orphelin.
C’est final ; je pars. (Au secours !)
C’est final; je pars.
Conclusion
La ponctuation n’est pas une question de sentiment personnel. C’est pourquoi je résisterai à la tentation de combiner ponctuation européenne et ponctuation nord-américaine.
Je risquerais de me faire apostropher…
[1] En typographie, le mot espace est féminin.
Pour que vous vous sentiez moins seul, je saisis l’occasion de rappeler que la typographie « anglo-saxonne » existe aussi sur le Vieux Continent.
J’ai longtemps travaillé en Suisse et je devais en permanence me corriger pour respecter les habitudes locales très similaires à celles des Anglais ou des Américains, notamment pour les espaces.
Le monde des typographes et des imprimeurs est assez différent de celui des « orthographeurs ». On y vit dans le pragmatisme et les habitudes sont celles des métiers du livre, bien loin des injonctions de l’Académie française dont ce n’était pas le souci. Aucun typographe n’a jamais foulé le sol du Quai Conti. Cela explique le joyeux bazar que les académiciens ont laissé s’installer avec les questions de majuscules, de trait d’union, d’espaces, d’italique et de toutes les pratiques de mise en pages auxquelles ils ne prêtaient aucune attention. La typo, c’est de l’artisanat de contexte, pas une norme pour habits verts (avec la petite épée, bien entendu)…
Bien amicalement.
Bonjour monsieur Racicot,
Merci pour cet article très intéressant. J’aimerais vous faire part d’une interrogation à propos de l’emploi de l’espace insécable dans la nomenclature et la traduction des lois et textes législatifs.
Voici en exemple :
Personal information may be shared in limited circumstances as outlined under 8(2) of the Privacy Act.
La page « divisions-d’un-texte-de-loi » des Clés de la rédaction indique « On cite une disposition législative de façon précise : le paragraphe 12(1) » – il s’agit du paragraphe (1) de l’article 12. Les chiffres et les lettres liés aux articles, aux paragraphes et aux alinéas sont collés les uns sur les autres. Donc, AUCUNE espace insécable.
SOURCE:
https://www.noslangues-ourlanguages.gc.ca/fr/cles-de-la-redaction/divisions-dun-texte-de-loi
Un autre document, tout aussi intéressant « DISPOSITIONS LÉGISLATIVES, TITRES DE LOIS, RÈGLEMENTS ET RÈGLEMENTS NON TRADUITS », indique pour sa part que « Quand on fait référence à une disposition législative, on la cite de façon précise. Exemples : l’article 116, le paragraphe 116 (2), l’alinéa 116 (2) b), la disposition 17 du paragraphe 6 (1). »
SOURCE : https://forms.mgcs.gov.on.ca/dataset/48a2ef60-2c76-44a5-b436-f1dbb5533929/resource/4042d147-f33a-4dca-bb23-555dab795f7e/download/on00399f.pdf (page 44)
On remarque ici la présence d’une ESPACE INSÉCABLE entre les chiffres et les lettres liés aux articles, aux paragraphes et aux alinéas.
J’ai confiance aux deux textes, bien écrits et fouillés. Mais ça ne me dit pas s’il faut insérer ou non une espace insécable. Il y a contradiction entre les deux sources. Si vous ou une de vos connaissances ferrée en la matière pouvait m’aider à tirer ça au clair, j’en serais fort heureux.
Jen suis donc à la traduction suivante :
« Les renseignements personnels peuvent être communiqués dans des circonstances limitées, conformément au paragraphe 8(2)* de la Loi sur la protection de les renseignements personnels. »
* ou paragraphe 8 (2)
Il y a manifestement une différence dans l’usage entre le gouvernement fédéral et celui de l’Ontario. J’ai toujours vu le numéro du paragraphe ou d’un alinéa collé sur le numéro de l’article, donc sans espace insécable. Je suis un peu étonné de l’usage en Ontario. Personnellement, je m’en tiendrais à l’usage fédéral.
Une invitation à la prudence, puisqu’en effet, il s’agit d’un texte réservé à l’administration fédérale. Merci de votre réponse.