Les personnes qui œuvrent sur la scène politique ne sont pas désignées de la même façon des deux côtés de l’Atlantique. Au Québec, on parle plutôt de politiciens, tandis qu’en Europe il est question de politiques.
Ce dernier terme se voit rarement chez nous; certains le considèrent même comme pédant.
Le problème avec politicien, c’est l’ambivalence. On peut en effet l’employer de façon neutre au sens d’une « personne qui exerce une action politique », comme l’indique Le Petit Robert. Toutefois ce même mot cache un côté sombre qui apparaît dans l’adjectif, mais aussi dans le substantif.
Pensons aux expressions suivantes : promesse de politicien (non tenue); manœuvre politicienne (retorse); réponse de politicien (esquive). Le Petit Larousse précise : « Qui relève d’une politique intrigante et intéressée. »
Le mot en question nous est venu par l’anglais… qui s’est inspiré du français politique.
Dans la langue d’Obama, il est employé de manière neutre, mais aussi in a derogatory sense, pour reprendre la phraséologie du Collins.
Par contre, le substantif politique est plus neutre. On parle d’une personne qui gouverne, tout simplement. Cette définition, proposée par Le Petit Robert, est restrictive, car elle écarte les membres de l’opposition. Le Larousse est plus précis : « Homme ou femme politique. »
C’est pourquoi, l’expression les politiques, pour désigner la classe politique dans son ensemble, me paraît plus juste. Malheureusement, elle n’est guère usitée au Canada.
La classe politique, en France, se comporte comme si elle était soudainement, par la magie des urnes, devenue l’aristocratie de jadis.
En effet, ces gens que nous mettons à la tête de l’État ne sont rien d’autre que des gens ordinaires, qui pour un temps, doivent travailler pour nous, les citoyens et les citoyennes !
L’attitude des politiciens et des politiciennes, dans ce pays (France) est scandaleuse !
Mise au point :
*politicien ou politicienne : Nom commun masculin ou féminin. Personne qui exerce la politique professionnellement.
Comme vous le dites, en France, il est de mise d’utiliser l’adjectif « politique » pour en faire un nom commun en l’utilisant pour identifier les politiciens et les politiciennes. De ce fait le féminin de « politique » s’efface et ne devient alors que masculin.
Les Français, aux mœurs machistes et paternalistes, prétextent, sans rire, que le mot « politicien » est pédant (cette volonté des politiciens et politiciennes, de ne pas être prit pour ce qu’ils et elles sont, reste difficile à croire pour l’étrangère que je suis).
Les Français, au pouvoir, affirment que le mot « politicien » véhicule une image péjorative des personnes qui font de la politique professionnellement ?
C’est curieux comme l’interprétation des mots devient sensible… au paravent, je faisais une différence entre une politique et un politicien ou une politiciennes, depuis que je vis en France, le mot « politique », ne représente plus qu’une chose, des personnes hautaines, malhonnêtes, fourbes, manipulatrices et hypocrites !
Pour ainsi dire, plus les Français (journalistes, politiciens et politiciennes) veulent, soit disant s’éloigner de l’image négative que véhicule le mot politicien, plus ils s’en rapprochent avec le mot, politique.
Cordialement
Je suis tout à fait d’accord avec vous et j’ajouterai les remarques suivantes :
Cette question de grammaire ou de sémantique est peut-être plus problématique en France qu’elle ne l’est au Québec. Je n’ai pas les éléments suffisants pour m’exprimer plus avant dans ce domaine car je ne connais pas bien les usages de la langue française dans la Belle Province. Néanmoins si le mot “Médecine” se décline en Médecin pourquoi n’en va-t-il pas de même avec “Politique” ? Bizarrement, après avoir quitté la France il y a plus de vingt ans je m’aperçois que mes concitoyens ne disent plus que “Politique” au lieu de “politicien/ne”. Dans les année 90 on pouvait encore dire “politicien/ne”. La charge supposée du péjoratif ne va pas sans arrière pensée. En employant le mot “Politique” pour les deux usages on crée la confusion entre le substantif généralement acquis et ceux qui pratiquent le métier ou les charges politiques. D’ailleurs assez souvent cela sonne faux. Indirectement on peut se demander si l’on parle de personnes pourvues d’une capacité de penser la politique ou si l’on parle de la politique comme un tout. Cette confusion empêche efficacement de faire la part des choses entre l’objet politique et ceux qui s’en emparent. En conséquence de quoi la responsabilité politique est un peu vidée de son sens. Si les peuples sont dépositaires de leurs propres langues on ne peut ignorer l’influence qu’exercent celles et ceux qui animent les débats. Or les éléments de langages contribuent beaucoup à façonner les termes du débat. A force de dire que politicien est péjoratif du fait de ses usages on prive la véritable portée de ces deux mots de contribuer à un débat clair.
Les mots ont un sens or un substantif n’est pas un adjectif, lequel n’est pas un adverbe. Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde. Alors oui, je persiste, et cela est un geste politique sans arrière pensée, à dire politiciens et politiciennes pour définir toutes celles et tous ceux qui pratiquent la politique de manière professionnelle et politique pour tout ce qui a trait à La Politique. C’est clair, simple, efficace, cela ne heurte personne et surtout évite toute confusion entre l’objet politique et celles et ceux qui en ont la pratique.
Je suis d’accord avec Mme Virtue.
On utilise politicien-ne pour ceux qui exercent la politique en général et en spécificité. Et je découvre que cela drape ces personnes de suspicions, fourberies et hypocrisies.. peut-être, mais au fond c’est ceux qui jugent les politicien-nes, cela n’est pas pour autant vrai.. et de croire que d’utiliser »politique » pour le vrai terme polititicien-ne, je ne vois pas ce en quoi cela change sur les préjugés que l’on pourrait adresser à ces hommes et femmes qui exercent la politique.
Allez je vais plus loin, les mécaniciens, les informaticiens, les techniciens, les mathématiciens, les statisticiens et autres métiers en « cien-ne », alors on les appellerait les mécaniques ? les informatiques ? les techniques , les mathématiques ? les statistiques? pour peu que l’on aurait des mécaniciens véreux et malhonnêtes, idem pour les informaticiens, techniciens, statisticiens… bref, c’est ridicule.
Les francophones hors métropoles perlent bien mieux que nous, en Afrique, en Asie, en Amérique du nord ou sud, ceux qui parlent français utilisent le terme politicien-nes…
et le petit robert est un peu à côté de sa définition, à mon avis !
Pourquoi faire simple alors que l’on peut faire compliqué : c’est bien français métropolitain…
cordialement
Tout à fait d’accord avec vous !!!
« … tandis qu’en Europe il est question de politiques ».
Non pas vraiment. En Suisse (et en Belgique aussi il me semble), donc aussi en Europe, on préfère très largement le terme « politicien » pour parler de quelqu’un qui fait de la politique. On utilise pas vraiment le terme « politique », même si on le comprend
Tout est question de savoir être et de comportement. L’appellation n’influe en rien sur le personnage. Celui qui respecte la déontologie et l’éthique de la fonction qu’il a choisie, transcende les étiquettes qui lui sont accolées.