Point médian

Le point médian, aussi appelé point milieu, existe depuis longtemps. Il a connu un regain de popularité avec l’écriture inclusive. Le point médian servait jadis à marquer les espaces entre les mots, bien qu’il ne fût pas très courant.

Les défenseurs de l’écriture inclusive déplorent, à bon droit, que la règle du masculin générique est discriminatoire pour les femmes. On a donc mis de l’avant des graphies incluant aussi bien les hommes que les femmes. Ce qui, pour une langue genrée comme le français, amène des contorsions avec lesquelles tout le monde n’est pas d’accord, c’est le moins qu’on puisse dire.

Pourquoi le point médian?

On a essayé, par divers moyens, d’insérer des formes féminines.

  • Le point ordinaire : il peut causer une certaine confusion avec le point final d’une phrase. De plus, on ne l’utilise pas à l’intérieur d’un mot.
  • La parenthèse indique un propos secondaire (quelque chose en plus et optionnel).
  • La barre oblique « / », qui indique une division, ne permet pas d’arriver à l’objectif d’égalité recherché.
  • La barre oblique inversée n’est guère mieux : l’étudiant\e.
  • Le tiret cadratin est une fausse bonne idée, puisqu’il sert habituellement à introduire un dialogue ou un commentaire.
  • Utiliser la majuscule pour mettre la forme féminine en évidence choque l’œil : les rédacteur.TRICE.s. L’étudiantE.

Comme on le voit, toutes ces méthodes ont leur lot d’inconvénients. Il n’est donc pas surprenant qu’on ait proposé le point médian. Néanmoins, les formes tronquées évoquées ci-dessus sont souvent assez lourdes et plutôt étranges. Beaucoup s’y opposent avec fermeté.

Je me suis penché sur la question, dans mon ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français, et je dois dire que cette quête de formes plus inclusives ressemble à la recherche de la quadrature du cercle.

L’écriture épicène

Pour toutes ces raisons, l’Office québécois de langue française préconise l’écriture épicène, c’est-à-dire le recours à des doublets comme « les chercheurs et les chercheuses. »

Cette solution ne plait pas à tous, car elle alourdit les textes, particulièrement les plus longs. Donc retour à la case départ : les auteurs et autrices se rabattent sur l’énoncé initial précisant que le masculin est utilisé sans discrimination pour alléger le texte. Mon expérience en classe m’a montré que les traductrices privilégient cette approche et certaines défendent carrément le masculin générique pour favoriser la lisibilité des textes.

Conclusion

Le point médian a l’avantage de signaler clairement que le mot visé comporte les formes féminines et masculines. En outre, il est moins dérangeant que les tirets ou d’autres signes.

Mais le problème demeure entier, malgré tout.

8 réflexions sur « Point médian »

  1. Oui, mais le masculin précède encore le féminin! On en sortira jamais.
    Cela dit, pourquoi le féminin précéderait-il le masculin, dans un monde d’égalité des sexes? ?

    1. C’est tout le problème qui nous vient directement de la culture anglophone, où genre et sexe ne sont pas si clairement distingués. En français, le genre, à proprement parler, ne serait que grammatical. Le sexe, bien entendu, c’est autre chose.

  2. Merci beaucoup André pour cet article!

    Continue de nous alimenter d’aussi belles recherches et réflexions 🙂

  3. Bonjour! Merci pour cet article. Quant à moi, l’écriture épicène me donne des cauchemars! Le masculin générique allège la lecture des textes et, pour autant qu’il en soit fait mention en début de texte, m’apparaît établir d’emblée l’importance accordée par l’auteur ou le traducteur à l’inclusion des deux genres dans le texte. Toute autre méthode utilisée (je les ai toutes essayées!) alourdit inutilement le texte et, quasi inévitablement, donnera lieu à des incohérences dans le texte. J’en profite pour vous remercier pour votre Chronique : Au cœur du français dans laquelle vous ne cessez de soulever des questions toutes plus intéressantes les unes des autres. Je suis fière de faire partie de votre groupe de lecteurs fidèles, malgré la distance qui nous sépare [Lusaka (Zambie)]! Cordialement, Sophie Dufour, traductrice agréée et juriste

    1. Merci de vos gentils commentaires. Il est en effet difficile d’inclure les deux genres dans un texte et beaucoup de traductrices que j’ai rencontrées ont adopté le masculin générique. Et certaines de mes collègues le défendent avec conviction. Continuez de me lire depuis l’Afrique!

  4. Bon, il semble que mon premier commentaire ait disparu. Je reprends!
    Au sujet du point médian, j’ai appris récemment qu’à l’égal d’autres signes, il n’est pas ordinolingue (lisible par machine) et donc pas très « inclusif ». Dommage, je le trouvais pratique pour la traduction de gazouillis.

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