Une version actualisée de cet article peut être lue ici.
La question s’est posée lors des Jeux olympiques de 2008 : fallait-il dire Pékin ou Beijing? Cette question en amène une autre : pourquoi deux graphies pour une seule ville? Il y a pourtant belle lurette que nous disons Londres au lieu de London, Barcelone au lieu de Barcelona ou Moscou au lieu de Moskva.
La France utilise toujours un système de romanisation du chinois mis au point au XVIIe siècle par des jésuites. C’est ce système qui nous a donné Pékin, Nankin et Canton. À la fin des années 1950, le président Mao a demandé que l’Occident utilise le système pinyin. Celui-ci a entraîné une mutation spectaculaire de certains noms, dont celui du Grand Timonier, devenu Mao Zedong.
Des villes comme Pékin, Nankin et Canton ont brusquement changé de nom pour devenir Beijing, Nanjing et Guangzhou. Une mère ne reconnaitrait plus son enfant. Les anglophones ont adopté ces nouvelles appellations, tandis que les francophones, plus conservateurs, s’en tiennent aux graphies plus traditionnelles. Il semble que les anglophones acceptent plus facilement les endonymes, ces noms de lieu qui correspondent à ce que l’on dit dans la langue d’origine.
Tant les journaux que les dictionnaires de la francophonie continuent de parler de Pékin et non de Beijing. Ce dernier nom est parfois mentionné dans les ouvrages de référence, mais l’entrée principale est toujours à Pékin.
Il est donc très clair qu’en français on dit Pékin. Le nom de la capitale chinoise peut être vu de deux manières : une transcription maladroite du chinois ou encore une traduction. Par exemple, Florence est une traduction de l’italien Firenze. Dans les deux cas, il s’agit d’exonymes.
Quoi qu’il en soit, force est de constater qu’en français on dit Pékin dans l’immense majorité des cas. Certains font valoir que le nom officiel est bel et bien Beijing. Il est vrai, par exemple, que Bombay est maintenant appelée Mumbai et que ce nom est souvent repris en français. Mais n’oublions pas que bien d’autres noms officiels continuent d’être traduits en français : Belarus qui demeure Biélorussie, New Mexico qui demeure Nouveau-Mexique; Lisboa qui demeure Lisbonne.
On peut en discuter longtemps, mais le français, à tort ou à raison, n’adopte pas systématiquement toutes les nouvelles appellations officielles. Comme c’est souvent le cas, il n’y pas de logique précise dans ce qui est adopté et ce qui ne l’est pas. Par exemple, le Zaïre est devenu la République démocratique du Congo, tandis que la Biélorussie continue de désigner cet État appelé Belarus aux Nations unies.
Par conséquent, il me parait souhaitable et logique que nous continuions d’appeler la capitale chinoise Pékin.
Question de terminologie, Beijing est un endonyme alors que Pékin est un exonyme. Des appellations qui peuvent être utiles dans ce genre de débat.
Merci de ces précisions, je les ai ajoutées dans le texte.
Désigner le pays dont Kinshasa est la capitale « Zaire » c’est le remettre sous le règne cruel de Mobutu et ignorer la volonté du peuple Congolais de tourner la page.
Dire Biélorussie, c’est reconnaître le nom colonialiste que Staline impose en 1919 pour écraser la jeune république du Belarus.
Et dire Pékin et non Beijing, c’est remettre la Chine sous l’ère coloniale, quand Shanghai était Française.
Choisir des noms issus de la colonisation, de la dictature et refuser d’honorer la façon dont ces pays ont choisi de s’appeler depuis plus de 60 ans pour certain, ce n’est pas une question de traduction (surtout pour le cas de la RDC), c’est tout simplement colonialiste et raciste. Une position Française historique qui persiste dans le language, s’en étonne-t’on vraiment?
Je vous remercie de votre commentaire très pertinent. Vous lirez avec intérêt mon billet sur le nom russifié de Kiev.