Lutte à la pauvreté

La construction lutte à a des accents de vérité indubitables, surtout qu’on la lit et qu’on l’entend fréquemment.

Pourtant, il s’agit d’une faute.

Prenons l’expression lutte à la pauvreté. Tout va très bien jusqu’au moment où l’on décide d’utiliser un verbe : lutter à la pauvreté.  C’est là que le bât blesse.

En clair, on mène une lutte contre la pauvreté, de la même manière qu’on lutte contre la pauvreté. Le même raisonnement s’applique à lutte au déficit, qui devient lutte contre le déficit.

La construction correcte est donc lutte contre.

3 réflexions sur « Lutte à la pauvreté »

  1. Il est rare que j’émette un doute à l’égard de vos billets, André, mais je ne vois pas pourquoi on ne mènerait pas une guerre contre la drogue. Cela me semble tout aussi valable.

    En outre, la préposition n’est pas toujours gouvernée par le substantif, comme je crois le lire ci-dessus. Si on parle simplement de « la guerre contre la drogue », c’est bien le substantif guerre qui gouverne la préposition. Mais si vous parlez de « mener une guerre contre la drogue », on peut aussi considérer que c’est le verbe mener qui commande la préposition – (dans votre exemple, cela ne change d’ailleurs pas la préposition, car mener ne commande à mon sens pas la préposition « à » – sauf pour le lieu de destination).

    Autre exemple illustrant plus nettement mon propos, les hésitations relatives à « modification » (modification à la loi? modification de la loi?). Si je dis que j’apporte une modification à la loi, il est clair que c’est le verbe apporter qui commande la préposition « à » : j’apporte [qqch] à la loi. La relation est entre mon action d’apporter et la loi. Mais si je dis que les députés ont voté la modification de la loi, c’est le substantif modification qui gouverne la préposition « de ». La relation est entre la modification et la loi. Dès lors, la logique n’est plus la même, et la préposition « à » ne devrait plus se justifier (sauf si on sous-entend le participe ‘apportée’ : la modification [apportée] à la loi, auquel cas, ‘apportée’ gouvernerait la préposition). Mais il est plus naturel, selon moi, d’employer « de ». Cela tient au fait que le verbe correspondant, modifier, est un verbe transitif direct. À ma connaissance, le substantif dérivé d’un verbe transitif direct commande traditionnellement la préposition « de ». De fait, Grévisse [353 a) 2°] indique que «… l’objet direct est le plus souvent transformé, avec un nom, en complément introduit par ‘de’. » La construction « la modification de la loi », en l’absence d’un verbe commandant la préposition « à », est à mon avis préférable à la construction « la modification à la loi ».

  2. « Lutte au déficit »! Il s’agit là d’une faute de syntaxe qui a la vie dure. Il y a maintenant près de vingt ans, j’ai assisté à un atelier de l’OTTIAQ donné par un professeur de grand renom de l’Université de Montréal. Un des exercices qu’il nous avait fait faire portait justement sur l’emploi des prépositions. Avec les mots « lutte » et « déficit », il avait recommandé l’emploi de la préposition « à ». Je me suis adressée à lui en privé pour signaler son erreur. Après avoir vérifié si mes arguments étaient justes, il s’est empressé de mettre les autres participants en garde contre cette erreur de syntaxe.

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