Les institutions américaines

Dans des articles précédents, je me suis penché sur les expressions Amérique et Américain ainsi que sur États-Uniens. J’y faisais état de l’influence de nos voisins du sud sur la langue française.

On oublie souvent que le vocabulaire politique américain a aussi déteint sur notre langue; c’est ce qu’on appelle des américanismes. Certains d’entre eux sont passés dans les dictionnaires.

État des lieux

On lit constamment dans les médias l’expression l’administration américaine, l’administration Trump-Pence, bien qu’on parle très peu du vice-président. Le fait de désigner un gouvernement sous le vocable d’administration est clairement un anglicisme. Bien entendu, il est tout à fait correct de parler de l’administration publique en général, mais, en français, un gouvernement est un gouvernement.

Autre anglicisme qui a la cote : la convention républicaine, démocrate. Il s’agit plutôt d’un congrès. Mais là encore, l’expression est passée dans les dictionnaires.

Parlant de congrès, comment ne pas souligner que le Parlement des États-Unis s’appelle justement le Congrès? Il est divisé en deux chambres : la Chambre des représentants et le Sénat. Quant au président, il réside à la Maison-Blanche.

Un faux raisonnement

La grande question qui se pose, lorsqu’on traite des États-Unis, est la traduction des noms d’organismes officiels. On entend souvent le raisonnement suivant : il ne faut pas traduire ces noms parce que le français n’est pas langue officielle aux États-Unis. Voilà un raisonnement spécieux qui ne tient pas la route, quand on y pense bien. Tous les noms mentionnés ci-dessus sont des traductions officieuses; traductions essentielles, parce qu’autrement il faudrait parler de la White House, du American Congress, du president of the United States…

Le français n’est pas non plus la langue officielle du Japon. Faudrait-il énoncer les noms de partis japonais, les termes premier ministre, empereur en langue nipponne, sous prétexte qu’il n’existe aucune traduction officielle? On voit bien que ça ne fonctionne pas. Depuis des siècles, nous utilisons des traductions officieuses pour décrire les réalités étrangères. Et cela vaut pour les États-Unis.

Revenons à notre question : faut-il traduire les noms d’organismes américains. Oui certes, mais il faut tenir compte de l’usage. Certains d’entre eux se traduisent couramment : les Centres de contrôle et de prévention des maladies; la Réserve fédérale américaine; le Bureau du représentant américain au commerce.

Par contre, d’autres expressions restent en anglais : l’inénarrable Surgeon General, une sorte de directeur général de la santé. On pourrait aussi penser à l’Office of Management Budget, qui est un peu le Conseil du Trésor de nos voisins.

De fait, la majorité des noms d’organismes états-uniens restent en anglais. Les exceptions sont généralement bien connues.

Certains noms s’énoncent avec des sigles, eux aussi bien connus. Pensons à la CIA, au FBI et à la NASA. Ces organismes voient parfois leur appellation traduite de manière approximative : l’Agence spatiale américaine, la Police fédérale, l’Agence (centrale) de renseignement.

Et les majuscules?

Se pose la question des majuscules. J’entends souvent dans mes salles de cour la réflexion suivante : « Il ne faut pas mettre la majuscule à ces noms, parce qu’ils ne sont pas officiels. » Faux raisonnement, encore une fois. Procédons par l’absurde : le congrès américain, le parti démocrate, la maison blanche…

Ces exemples suffisent, je crois.

Il est pratique courante, en français, de mettre la majuscule initiale aux noms d’institutions. S’abstenir de le faire pour les organismes étrangers revient à créer deux catégories d’appellations, ce qui nous place parfois devant des choix difficiles, et nuit à l’uniformité des textes.

Pour une fois, faisons les choses simplement.

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