La prononciation des noms étrangers

Lorsque je travaillais à Radio-Canada, la question de la prononciation des noms de personnalités étrangères se posait. Pour les noms anglophones, pas de problème, mais que faire des noms russes, norvégiens, tamouls ?

Les lecteurs de nouvelles devaient faire preuve d’une certaine érudition, mais qui peut prétendre connaître la prononciation des quelque trois mille langues de la Terre ? Pour compliquer les choses, se posait aussi la question des accents toniques du chinois et des autres langues à tons.

Les lecteurs francophones manifestaient généralement un certain souci d’exactitude, tandis que les anglophones déformaient, aplatissaient, les noms étrangers sans vergogne. Bien entendu, il y a des limites à vouloir faire authentique et la prononciation des noms vietnamiens par les lecteurs de nouvelles faisait probablement rouler par terre toutes les personnes originaires de la péninsule du Sud-Est asiatique. À l’impossible nul n’est tenu.

Mais, au moins, il y avait une certaine volonté chez les francophones de respecter les autres langues.

Il faut dire que les langues ont tendance à intégrer les noms étrangers à leur phonologie et à les normaliser, pour le meilleur et, souvent, pour le pire. Cela peut expliquer le manque d’empressement des commentateurs anglophones à prononcer les U et les EU français. Par ailleurs, tous ceux qui écoutent des séries américaines traduites en France ont de quoi se bidonner… Le TH anglais est un grand mystère pour nos cousins d’outre-mer, qui le confondent avec un S allongé. Pensons à la série Vengeance, à Radio-Canada (et non pas SUR Radio-Canada), dont la vedette est Emily Sssorne, qui vit non loin de Sousssamptonne… Pénible.

Tout aussi pénible est la prononciation du prénom de Roger Federer, un Suisse, pas un États-Unien ou un Britannique, un ressortissant de la Suisse, je le répète, dont les langues officielles sont l’allemand, le français et l’italien, mais pas l’anglais… Federer est germanophone de naissance et il parle français et anglais. Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi les commentateurs de sport s’entêtent à prononcer son prénom Rodgeur ? N’est pas Rodger Brulotte qui veut…

Même observation pour les commentateurs francophones du baseball qui prononcent à l’anglaise le nom des joueurs sud-américains. Rrrrodrrrriguèzzz. Voilà justement un domaine où les analystes pourraient se distinguer, au lieu de marcher dans les ornières des commentateurs états-uniens et canadiens-anglais.

 

4 réflexions sur « La prononciation des noms étrangers »

  1. La revue suisse Basler Zeitung a réalisé une entrvue avec Roger Federer en 2009 et lui a posé une question concernant la prononciation de son nom. Il a affirmé : « J’ai déjà fait savoir que j’avais été baptisé « Rodgeur », et que je tiens à mes racines sud-africaines qui me viennent de ma mère. Mais je trouve cela marrant que les Français écrivent « Rodgeur » pour être certains qu’on prononce mon nom correctement. » Intéressant!

    1. Effectivement, depuis la publication de cet article, j’ai appris que Federer demandait que son prénom soit prononcé à l’anglaise. Mystère résolu.

  2. Bonsoir
    Je connais es gens d’origine italienne dont le patronyme est PUPAIZ Sans doute vient-il du nord de l’Italie (Alpes italiennes?).
    Comment devrait-il se prononcer?
    La prononciation « à la française » (Pupèze) me semble bizarre, même si je l’utilise pour faire « comme tout le monde ».
    Merci!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *