Les élections en Grande-Bretagne pourraient permettre au Parti national écossais de jouer un rôle inattendu au Parlement de Westminster. Le SNP, de son petit nom, pourrait en effet détenir ce que nos anglicisants appellent « la balance du pouvoir ».
On voit tout de suite le calque avec balance of power, que l’Oxford Dictionary définit ainsi :
The power held by a small group when larger groups are of equal strength.
Dans ce cas, le mot balance est un faux ami. En bon français, on pourrait dire que le parti indépendantiste pourrait faire pencher la balance, qu’il détient l’équilibre du pouvoir.
Voici une traduction trouvée dans le Hansard du Parlement canadien :
Some people believe that the workers of this country have the balance of power.
Selon certains, les travailleurs de ce pays ont le haut du pavé.
Une traduction créative; le traducteur a voulu éviter de marcher dans les ornières de l’anglais.
Toutefois, une petite surprise attend le langagier qui consulte les dictionnaires français. Le mot balance au sens figuré est défini ainsi : État d’équilibre. Les exemples ont de quoi surprendre : La balance des pouvoirs, la balance des forces.
Mais le contexte est différent dans ce cas-ci, car l’Oxford donne une autre définition du terme :
A situation in which the chief nations of the world would have equal power.
On remarquera en passant la définition beaucoup plus explicite en anglais. Si on veut éviter la balance des pouvoirs, on peut certainement parler de l’équilibre des forces, des puissances. Tout aussi pertinent : le rapport de force.
Si on parle de balance of power dans un groupe, le rapport de force pourrait être une bonne traduction.
Chose certaine, le parti écossais ne détiendra jamais la balance du pouvoir, mais peut-être l’équilibre du pouvoir. Nous le saurons bientôt.
Est-ce que détenir « les clés » du pouvoir ou de la majorité est aussi un anglicisme?
Je ne pense pas que ce soit un anglicisme.