Suite de l’article sur les anglicismes maintenant acceptés en français.
Avez-vous des contacts en haut lieu? Si oui, cela signifie que vous avez le bras long, et non pas que vous encaissez une décharge électrique. Au départ, le mot en l’objet avait surtout pour contexte les domaines policier et de l’espionnage, mais ce n’est plus le cas. Il est bien implanté dans l’usage, d’autant plus qu’il existe en français depuis la fin du XIXe siècle.
Curieusement, le verbe contacter, qui en est issu, est plus critiqué, mais bel et bien admis. D’ailleurs, le Multidictionnaire de la langue française, qui signale les anglicismes avec rigueur, ne le condamne pas. Ce genre de cas, où un mot est accepté dans notre langue, mais non son voisin immédiat, n’est pas rare.
Lorsque vous visitez un salon du livre, par exemple, vous passez d’un stand à un autre, que beaucoup de personnes appellent kiosque, en pensant contourner l’anglicisme. Pourtant, elles ne font que commettre une impropriété, car un kiosque n’est rien d’autre qu’un pavillon de jardin ou un édicule où l’on vend des journaux et des magazines. En fait, le mot kiosque vient du turc! Quant à stand, il est dans notre langue depuis 1883, selon le Robert.
Quant au mot magazine, il s’agit d’un anglicisme dérivé du français magasin. Certains voudront lui substituer revue… qui vient de l’anglais review.
Sophistiqué. Une personne, un programme, pas de problème. Lui aussi est passé dans l’usage, au sens de raffiné, perfectionné. Vous ne saviez pas que ça vient de l’anglais? Eh bien, vous le savez maintenant!
Le mot disponible a lui aussi toutes les caractéristiques de l’innocence. Est disponible une chose qui est à notre disposition, par exemple une place quelque part, de l’argent, une voiture. Une personne, comme un préposé à la clientèle d’une entreprise de télécommunication, peut aussi être disponible (après une demi-heure d’attente…)
Là où l’influence de l’anglais se fait sentir, c’est lorsque l’on parle d’un objet qui peut être acquis : un livre disponible en magasin, par exemple. Le livre est en vente tout simplement.
Enfin, un mot que l’on aimerait oublier ces temps-ci : politicien. Un mot à deux faces, qu’on me pardonne ce jeu de mots facile. Les francophones du Canada parlent volontiers de politicien, tandis que les Européens utilisent le terme politique qui, à nos oreilles nord-américaines, paraît un peu factice. En tout cas, il est plus neutre que politicien, qui évoque l’image d’une personne retorse.
En fait, l’anglicisme politicien vient du français politique. Il désigne une personne exerçant une action politique, mais il peut prendre une nuance péjorative. Ne parle-t-on pas de manœuvres politiciennes?
N’y a-t-il pas une distinction à faire entre revue et magazine, la revue se concentrant sur un domaine particulier (revue scientifique, revue philosophique) et le magazine, de façon moins sérieuse, sur des sujets divers? Je ne me souviens plus où j’ai pris connaissance de cette différence (cette argutie?).
Vous avez raison. Une revue a un caractère plus scientifique. Exemple : la Revue canadienne de science politique, mais le magazine Châtelaine.