La France et l’Allemagne sont des voisins dont les relations ont été tumultueuses. Néanmoins, le français a quand même emprunté un certain nombre de mots à l’allemand. Certains d’entre eux ont conservé leur forme d’origine, tandis que d’autres se sont fondus dans le décor.
Les emprunts directs
Zeitgeist, l’esprit du temps, au sens littéral, est un terme à la mode. C’est d’ailleurs le titre de la chronique de Josée Blanchette, dans le journal Le Devoir. Le Zeitgeist, c’est la mentalité générale d’une époque, les idées qui ont cours.
L’Allemagne nous a donné de brillants philosophes, dont Schopenhauer, Nietzsche ou Marx. Ils ont tissé leur vision du monde, leur Weltanschauung. Bien sûr, le mot n’est pas indispensable, puisqu’on peut l’exprimer facilement avec des termes français, mais il est nettement plus chic…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les conservateurs n’éprouvent aucune sympathie pour Justin Trudeau. Ils se réjouissent de ses déboires, ce que l’on appelle en allemand Schadenfreude. Littéralement : joie du malheur.
Pendant l’occupation allemande, en France, bien des produits courants devinrent rares. Notamment le café, remplacé par un ersatz, un succédané. Le Robert précise qu’un ersatz peut être un produit de remplacement de qualité inférieure. Pendant l’occupation, le café était souvent remplacé par de la chicorée.
Bien entendu, la Seconde Guerre mondiale a amené son lot d’emprunts à l’allemand, dont ces chars d’assaut appelés Panzer. On oublie que le Führer avait pris le pouvoir en toute légalité, en 1933. Toutefois, il avait tenté dix ans plus tôt de renverser le gouvernement de Bavière; c’est que l’on appelle le putsch de la brasserie. Le mot putsch est resté et il cohabite avec l’expression coup d’État.
Bien avant Hitler, le chancelier Bismarck avait appliqué une politique pragmatique nommée Realpolitik. Elle était basée sur la défense des intérêts stratégiques du Reich et sur la neutralisation d’ennemis potentiels, comme la France, la Russie et la Grande-Bretagne.
Bismarck a également mené un combat contre l’Église catholique afin de diminuer son influence en Allemagne, ce que les historiens appellent le Kulturkampf.
Les germanismes déguisés
Certains emprunts à l’allemand ont fini par être francisés. Ils ont revêtu des habits français qui font oublier l’origine véritable du terme.
On appelle souvent chenapan un petit garnement. Ce mot dérive de l’allemand Schnapphahn.
On frappe à votre porte? Vous regardez par le judas pour voir s’il s’agit d’un démarcheur ou d’une amie? Vous utilisez un vasistas, mot qui vient de l’allemand Was ist das. Littéralement, qu’est-ce que c’est?
Une ritournelle vous trotte dans la tête? Vous avez un ver d’oreille, terme qui s’inspire du germanisme Ohrwurm.
Ce n’était qu’un aperçu; il y en a bien d’autres. Tschuss!
Un loustic est quelqu’un de joyeux, lustig!
Il y a effectivement de forts échanges entre allemand et français, sans doute plusieurs centaines de mots parfois difficiles à détecter tant ils ont circulé et se sont déformés dans le nord de l’Europe.
À noter, une petite coquille dans « Schnapphahn » (ajouter un « n »). En français le « e » de chenapan est d’ailleurs souvent muet.
Il semblerait que le moulin à eau pour moudre de la farine est « banal » du village des Aulnaies ….le mot banal est allemand ? ( l’endroit exacte de l’installation des Familles Saint-Pierre et Lévesque en Nouvelle-France.
Le mot ne vient pas de l’allemand.