Les médias canadiens semblent avoir bien du mal avec le verbe escalader. Le conflit entre l’Iran et Israël en est une belle preuve. Certains scribes se demandent si cette guerre va « escalader », si l’État hébreu va « escalader » ses attaques contre la république islamique.
Toute personne qui maitrise un tant soit peu le français se rend bien compte qu’il y a ici une dégringolade du français, et non une escalade…
Dans mes jeunes années à Radio-Canada, un reporter disait que les postiers allaient « escalader » les moyens de pression.
Bref, encore une petite incursion de l’anglais dans nos terres. En anglais, escalate signifie qu’une chose augmente en intensité.
Définitions
Le Larousse est clair : « Gravir quelque chose avec effort, par ses propres moyens, pour atteindre le sommet ou passer par-dessus : Escalader un talus. »
Donc, on escalade quelque chose, un obstacle, pour passer par-dessus. Il ne saurait être question de pousser un objet vers le haut. On passe par-dessus lui, on le gravit.
En conséquence, Israël ne peut pas « escalader » les attaques, il peut les intensifier. Le conflit peut s’étendre, prendre de l’ampleur.
Mais qu’en est-il de ces demandes qui se font escalader à qui mieux-mieux au gouvernement fédéral? On les transmet au supérieur?
Ça c’est un tout autre problème.
Selon l’O.E.D., il semble que ‘escalate’ en anglo-américain soit assez récent. Le mot ancien était ‘scale’ mais ‘escalate’ est apparu dans les années 1920 à la suite de ‘escalator’, nom de marque de Otis tiré de ‘escalade’ et ‘elevator’ (1900).
Curieusement, c’est donc le mot français avec un ‘e’ initial qui a été utilisé. La généralisation s’est produite avec la montée des périls des armes nucléaires après la Seconde Guerre mondiale. On comprend dès lors mieux pourquoi le verbe anglais est généralement intransitif : il n’a pas pris le sens français d’origine mais n’a été utilisé que pour décrire des situations impersonnelles d’élévation de quelque chose.