La notion d’empowerment est très populaire en anglais. Sa traduction n’est pas toujours aisée.
Le terme renvoie à l’idée de donner des pouvoirs à des personnes ou à des groupes qui n’en ont habituellement pas.
Le Collins définit ainsi cette notion : «The empowerment of a person or group of people is the process of giving them power and status in a particular situation.»
Dans empowerment, on distingue le mot power et forte est la tentation de parler de pouvoir en français. C’est justement le piège qu’il faut éviter, du moins la plupart du temps. Il faut regarder plus loin que le bout de sa lunette; il est question de doter groupes et individus de capacités nouvelles. On leur permet de prendre en main leur destin, d’accroitre ou de renforcer leur autonomie, de maitriser les facteurs qui influent sur eux.
Ce ne sont ici que des pistes de solutions. Un bon traducteur saura développer la question, l’adapter au contexte. Recourir à des solutions toutes faites et restrictives comme autonomisation, habilitation relève du manque d’imagination.
Dans son brillant Les mots pour le traduire, Luc Labelle nous propose démarginalisation.
Traduire, c’est reformuler, pas de traduire comme une machine.
C’est particulièrement vrai lorsqu’on se mesure au redoutable empower.
Le bon traducteur s’encanaillera.
Quelques exemples de traductions glanées sur la Grande Toile :
These provisions empower the locomotive engineer to make necessary decisions and take necessary action concerning the train when the conductor is temporarily indisposed.
Ces dispositions autorisent le mécanicien à prendre les décisions et les mesures nécessaires concernant le train lorsque le chef de train est temporairement indisposé. – Secrétariat du Conseil du Trésor
We look for employees who are great with our customers, who empower their teams, who negotiate effectively, who are able to manage conflict well, and are overall great communicators.
Nous cherchons des employés qui sont bons avec nos clients, qui valorisent leurs équipes, qui savent négocier, qui peuvent gérer les conflits, et qui sont bons communicants.
Des verbes comme autonomiser, outiller, dynamiser et responsabiliser peuvent être inspirants. Quelques exemples :
How to empower police officers.
Comment outiller les policiers.
Empower your organization through…
Dynamisez votre organisation en…
Empower local agents…
Responsabiliser ou autonomiser les agents locaux…
Empower, c’est aussi émanciper, permettre.
Et il faut justement s’émanciper, rompre les amarres, sortir des sentiers battus pour venir à bout de ce verbe prolifique et de son substantif.
Un article fort utile! Empower(ment) fait partie de ces quelques dizaines de mots casse-tête de l’anglais.
À noter que nombre de traducteurs utilisent habiliter de façon impropre. Habiliter ne s’emploie pas de façon absolue. Je veux dire que l’on habilite pas une personne « tout court », on l’habilite nécessairement « à faire quelque chose ». On peut certes sous-entendre la chose que la personne est habilitée à faire quand le contexte est clair, mais la notion d’habilitation ne s’utilise pas de façon absolue.
Et pour « empower police officers » pourrait-on aussi penser à « renforcer l’autorité des policiers » selon le contexte ?
Je viens de voir dans le lien que vous avez envoyé pour l’abonnement à vos articles « empowerment » et « résilier l’abonnement ». On pourrait penser, dans ce cas à « abonnement activé »
je crois que « s’alléguer » serait une traduction juste. Le verbe alléguer (se mettre de l’avant; s’appuyer sur soi ) sous sa forme pronominale.
J’ai peur que ça ne marche pas. Alléguer signifie bien avancer, ou mettre en avant, mais en ce qui concerne des arguments ou des faits. Le verbe s’apparente à prétendre ou à affirmer. Il ne s’applique pas à une personne (et donc pas à soi-même). Accessoirement, il n’existe pas à ma connaissance de forme pronominale pour ce verbe.