Écrire les dates

L’énonciation des dates peut devenir un problème. Dans les langues que je connais (allemand et italien), on commence par le jour, suivi du mois et de l’année. Il en va de même dans deux autres langues sœurs du français : le portugais et l’espagnol.

L’anglais fait exception. On dira April 16, 2014. Dans une conversation normale, dire que son père est né un certain April 16 ne pose aucun problème, bien que l’on puisse également l’énoncer «à la française», the 16th of April. Toutefois, la forme inversée est ancrée dans l’usage des anglophones.

Ce n’est pas le premier cas d’inversion entre l’anglais et le français, on en conviendra, mais celui-ci est plus difficile à avaler.

Les choses se compliquent quand on lit des dates énoncées de façon numérique, comme sur les litres de lait. Bon nombre d’entreprises sont anglophones et leurs traductions peuvent laisser à désirer. Le doute nous saisit lorsqu’on lit une date abrégée, comme 04-06-10. Une telle date peut prêter à confusion. S’agit-il du 4 juin 2010? Du 6 avril 2010?

On a cherché à remédier à ce problème en suggérant une forme universelle : 10-06-04 voudrait dire le 4 juin 2010. Cette méthode a l’avantage d’être sans équivoque, mais je la trouve très artificielle. En effet, qui va énoncer une date en commençant par l’année? Personne. La logique habituelle est bousculée.

Vous ne direz jamais que Beethoven est né en 1770, au mois de décembre, le 17. Ce serait plutôt l’inverse. Si vous désirez mettre l’accent sur l’année, vous indiquerez que le génial compositeur de Bonn est né après Mozart (1756), soit en 1770, pour être plus précis le 17 décembre. «Vous savez, il est né en décembre le 17». On croirait entendre Jolitorax dans Astérix chez les Bretons. Un peu de magique potion avec ça?

À mon sens, on a voulu ménager la susceptibilité des anglophones, dont la logique, dans ce cas, n’est pas linéaire. Plutôt que d’imposer une norme jour-mois-année à l’échelle internationale, on a tenté de noyer le poisson avec une solution bancale année-mois-jour. En fait, cette séquence est l’envers de la logique.

À une plus petite échelle, c’est comme si on renonçait au système métrique pour réadopter le fastidieux système impérial. By jove!

 

4 réflexions sur « Écrire les dates »

  1. Bien que contraire à la logique, je pense que la forme cours a-m-j n’est pas si incipide. Au fait, si on écrit une date en chiffre, ce n’est habituellement pas dans un texte, alors c’est déjà mieux. Ensuite, je trouve qu’il y a un élément que je trouve particulièrement pratique dans le format a-m-j : la facilité de classer (des dossiers par exemple) en ordre chronologique. Pour ce qui est des cartons de lait, je pense que le mois est souvent en lettres, alors il n’y a pas tant de confusion que ça.

  2. En effet je ne dirais pas facilement « le 2010 avril 16 » !

    Mais ce n’est pas la logique qui est bousculée : au contraire, la formule serait très conforme à la logique française, qui commande d’aller du général au particulier (alors que la logique anglaise procède à l’inverse : «  »the fast white horse »). Seulement l’habitude. JR

  3. Si l’on s’en tient qu’au chiffre, la formule jj-mm-aaaa fonctionne autant en anglais qu’en français : « The 4th day of the 6th month of year 2014; le 4e jour du 6e mois de l’année 2014. » Dommage que l’anglais soit si illogique parfois…

  4. Semion plus haut voit juste ! (A part pour inSipide 🙂

    C’est en informatique que AAAAMMJJ s’avère utile :
    en classant par nom, vous classez alors par date ;
    alors que, sinon, le 14 juin 2010 version 14062010 se retrouve antérieur au 23 août 1980 23081980.

    Cheers

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