On l’entend partout, au point où à peu près personne ne voit l’erreur. Des mesures drastiques, des coupures drastiques (sic).
Le mot est un bel exemple d’un terme français dont le sens a été infléchi par l’anglais. Deux articles à ce sujet (ici et ici) ont paru dans ce blogue. L’anglicisation de certains mots français constitue une pomme de discorde chez les langagiers, dont le degré d’ouverture est à géométrie variable.
Certains diront que drastique au sens d’énergique est passé dans la langue depuis plusieurs décennies et qu’il serait vain de vouloir revenir en arrière. À l’origine, drastique désigne un purgatif puissant. Mais plus personne (ou à peu près) ne l’emploie en ce sens. Un petit tour sur la Toile saura vous convaincre. D’ailleurs, le Larousse considère cette définition comme vieillie.
Un autre exemple : alternative. On peut bien sûr critiquer l’emploi d’alternative pour désigner chacune des options d’une… alternative. Une alternative, c’est justement le choix entre deux possibilités. Mais il est beaucoup plus difficile de revenir sur l’adjectif alternatif lorsqu’il est question de courants parallèles, marginaux : la musique alternative; les groupes politiques alternatifs.
Le substantif alternative, dans le sens d’une solution de rechange est également bien implanté dans la langue, même s’il est critiqué.
Une certaine lucidité s’impose que l’on aborde des termes dont le sens est infléchi par l’anglais. On peut bien sûr mener une guerre de tranchées contre eux, mais les esprits plus permissifs brandiront les dictionnaires, qui ne font que confirmer l’usage.
Alors que faire? S’incliner piteusement? Accepter une évolution de la langue? Éviter ces mots controversés? Le choix vous appartient.